1944, Walter Braunfels, réfugié dans son exil volontaire, compose en marge de son opéra d’après "L’Annonce faite à Marie" de Paul Claudel, un quatuor en reprenant le matériau thématique. Couleurs brahmsiennes dès l’entrée, cela pourra surprendre, avant que le discours ne se fasse plus narratif, et la polyphonie plus aventureuse. La même année, un deuxième Quatuor prend le contrepied du premier, vif, leste, parcouru de thèmes issus d’un folklore probablement imaginaire, mais toujours comme le souvenir de Brahms dans les couleurs, le lyrisme un rien automnal, que les quatre amis de Cologne magnifient, archets amples, phrasés cabrés, rythmes enlevés. Pour l’opus suivant, Walter Braunfels choisi d’ajouter à son quatuor un second violoncelle, sur l’évident modèle laissé par Schubert. Vaste poème lyrique parcouru de fulgurances, voila le sommet des quatre partitions chambristes écrites à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Un Troisième Quatuor, plus beethovénien de ton, sombre jusqu’au sinistre dans ses trois premiers mouvements, avant qu’une tarentelle étrange ne viennent conclure l’ouvrage dans une sorte de danse des morts. Braunfels reprendra l’ouvrage en 1953, quasiment son ultime travail de composition à moins d’une année de sa disparition à l’âge de 72 ans. Les Minguet ont fait œuvre de pionnier, la musique de chambre du compositeur des "Oiseaux" restant sa part la plus méconnue. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Célèbre au lendemain de la première guerre mondiale pour ses opéras, notamment "Les Oiseaux" d’après Aristophane et ses grandes pages orchestrales, Braunfels fonda et dirigea le conservatoire de Cologne jusqu’à ce qu’il soit écarté par les nazis au motif que sa mère était juive. Il continua cependant à composer pendant la guerre et retrouva son poste après 1945. Ses trois quatuors datent de 1944 pour les deux premiers et 1953 pour le dernier ; ils témoignent de l’écriture tonale ferme et maîtrisée de leur auteur et renvoient à l’évidence autant aux derniers de Beethoven qu’au premier de Schoenberg. Le premier quatuor reprend des thèmes de l’opéra écrit auparavant par Braunfels d’après "L’Annonce faite à Marie" de Claudel. Complément logique, le grand quintette à deux violoncelles (1947) est un véritable chef d’œuvre qui domine l’ensemble de ce corpus. Le quatuor Minguet, formation basée à Cologne, met tout son cœur dans la balance pour rendre justice à la figure tutélaire du compositeur ; pour la qualité des œuvres et de l’interprétation autant que pour l’exhaustivité de cet ensemble singulier, ce double album s’impose devant les versions isolées existant jusqu’ici notamment chez CPO qui avait enregistré une décevante transcription pour cordes du quintette, tellement plus beau rendu à sa formation initiale. (Richard Wander) Walter Braunfels wrote his first two string quartets in 1944; they were followed after the war by the String Quintet (1946/47), the Third String Quartet (1946/47), and the new Final Movement composed for the latter (1953). All these works meet the highest standards in terms of transparent voice leading, closely knit polyphony, and boldly expanded tonal harmony. In 1933 he was dismissed from all posts, regardless of his merits, because he was half Jewish. Braunfels was restored to his post of director at Cologne Conservatory in 1945. . Braunfels was swimming against the tide: profoundly rooted in the Classical-Romantic tradition, his style was deemed inconvenient in the face of prevalent postmodern tendencies in the first years after the war.
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