Johann Kaspar Kerll (1627-1693)
Toccata tutta de salti
Canzona seconda

Alessandro Poglietti (?1600-1683)
Toccata du 5e ton
Toccata sopra l'assedio di Filipsburgo
Canzon
Alter Weiber-Krieg am Wiener Graben

Anonyme (Autriche, fin du 17e siècle)
Wiener Lamentation

Johann Pader (17e siècle)
Toccata en ré mineur

Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704)
Suite en ré majeur

Georg Reutter l'ancien (1656-1738)
Toccata en mi mineur

Franz Matthias Techelmann (1649-1714)
Suite en mi mineur

Georg Muffat (1653-1704)
Suite en mi majeur

Agata Meissner, clavecin

Ce panorama de la musique autrichienne pour le clavecin sous le règne de Leopold I (1658-1705) nous montre Vienne comme point de rencontre et de fusion de diverses influences, italienne, locales au sens de l'empire des Habsbourgs et pour terminer française.. L'année 1683 représente une importante césure avec le siège de Vienne par les Turcs au cours duquel Alessandro Poglietti, qui dominait la scène musicale en qualité d'organiste et de claveciniste avec Johann Caspar Kerll, fut tué. Les oeuvres de ces deux compositeurs illustrent la première phase, avec une toccata du tyrolien Johann Pader et une anonyme "Wiener Lamentation", L'on croirait assister à la floraison printanière d'une imagination débordante qui se complaît en elle-même en un feu d'artifices haut en couleurs dont les accents guerriers de circonstance ne représentent que l'un des aspects. L'apparition d'une nouvelle génération de compositeurs modifie la donne: le style devient plus élégant et policé avec une suite en ré majeur attribuée à Biber, une en mi mineur peut-être de Techelmann, une troisième en mi majeur de Muffat et une toccata de Georg Reutter der Ältere qui alterne stylus phantasticus et polyphonie. Les trois suites pourraient constituer une brève histoire de cette forme musicale qui trouve sa structure classique avec Muffat. Sur trois copies de clavecins adaptées à la diversité des oeuvres, Agata Meissner ne s'en tient pas à son immense culture musicologique mais fait vivre cette musique avec une intensité et une fantaisie qui font de ce récital un modèle du genre. (Michel Lorentz-Alibert)