Karol Szymanowski (1882-1937)
Sonate pour piano n° 1 en do mineur, op. 8
Prélude et fugue en do dièse mineur
Variations sur un thème folklorique polonais en si mineur, op. 10

Joanna Domanska, piano

Le troisième volume de l’intégrale de l’œuvre du compositeur polonais sous les doigts de Joanna Domanska est une réussite. La Sonate n° 1 qui ouvre l’album synthétise les influences de Chopin et de Scriabine. Deux univers dont il s’éloigne rapidement dans ses trois sonates composées entre 1904 et 1917. Szymanowski s’attelle à la forme classique de la Sonate. Si le titre paraît neutre, l’écriture, elle, est d’une étonnante modernité. La Sonate n° 1 témoigne d’un certain académisme comme si le compositeur voulait épuiser toutes les sources romantiques. Szymanowski a déjà connaissance du symbolisme qui le fascine. Ce vaisseau sonore d’une demi-heure est organisé par Joanna Domanska qui en souligne les multiples digressions comme le troisième mouvement joué dans l’esprit d’un scherzo. Le Prélude et Fugue (1909) – sans numéro d’opus - baigne dans un chromatisme des plus exacerbés. Une œuvre magnifique si rarement entendue en concert et que l’interprète ressent profondément. Plus connues, les "Variations sur un chant populaire Polonais" (1888) sont d’une difficulté technique lisztienne considérable : des variations lyriques, orchestrales, imprévisibles dans leur développement au point qu’il faut les restituer comme s’il s’agissait d’improvisations. Une fois encore, Joanna Domanska joue sans dureté ce flot incessant, qui s’achève dans une lumière triomphale. (Jean Dandrésy)