Franz Schubert (1797-1828)
Die schöne Müllerin (La belle meunière), op. 25, D795

Piotr Olech, contreténor
Marek Toporowski, piano

Réussir sa Meunière est pour un chanteur moins une question de tessiture que de timbre. Bien sûr, l’ardeur juvénile, les tourments amoureux, la brûlure des sentiments sembleraient réserver l’œuvre aux ténors. Le jeune Fischer-Dieskau y mit la morbidezza de sa voix de Kavalierbaryton, avant que la beauté plastique du timbre ne cède la place à l’autorité professorale. Wunderlich, solaire, passa à côté de son sujet, et Patzak poussa sans doute trop loin l’expressionisme. Et vint Hasselhorn qui avec la splendeur vocale des deux premiers et l’intelligence expressive du troisième s’installa en tête de la discographie. Alors un contre-ténor ? Ce que l’on redoutait arrive, la lassitude s’installe avec l’incapacité patente du soliste à varier les atmosphères : "Morgengruss" manque de poésie, "Der Jäger" de mordant, "Trockne Blumen" est privé de sa puissance hymnique. Le pianiste Marek Toporowski rend heureusement leur caractère à chacun des Lieder, le chanteur donne l’impression de n’être que son accompagnateur. Quitte à aller chercher du côté des mezzos, dont se rapproche Piotr Olech par son timbre, Fassbaender avec Reimann nous ouvrait d’autres abîmes. (Olivier Gutierrez)