 Né en Bohème au milieu du XVIIIe siècle, Fiala, d’abord employé comme domestique par la comtesse de Lochowitz qui n'avait aucune considération pour ses talents musicaux, réussit pourtant à se faire une solide réputation de hautboïste et de compositeur. Engagé à la cour de Munich, il entra ensuite dans l'orchestre du Prince-Archevêque de Salzbourg et se lia d’amitié avec les Mozart. Accueilli à Vienne, il y remporta d’importants succès qui lui permirent de faire carrière un temps en Russie, puis de 1792 à sa mort à la chapelle du prince du Furstenberg à Donauschingen. Obligé de renoncer au hautbois —il se surmenait et épuisait son souffle — il fit de la viole de gambe — qui survécut en Allemagne bien plus longtemps qu’ailleurs — son instrument de prédilection. C’est sur la viole de Fiala lui-même, datant de 1709, que Th. Fritzsch joue ici les œuvres, par lui découvertes ou redécouvertes : la sonate en Sol Majeur met à profit de façon riche et surprenante des homophonies entêtantes où percent ça et là des dissonances. L’obstination rythmique ne pèse en rien dans son rondo mais contribue au contraire à la légèreté et à l’enjouement qui le caractérisent . Le Concertino en ré M. est plus convenu, parfois lourd dans son écriture. Les aigus y sont parfois criards au violon. Et les variations du troisième mouvement manquent d'élan. Le concerto en Fa n’est pas dépourvu d’élégance et de charme, la viole s’y montre d’une belle expressivité, mais, dans le détail, l’équilibre entre les autres pupitres laisse quelque peu à désirer. Au dire de Léopold Mozart, son fils avait composé dès ses 7 ans des solos pour viole de gambe dédiés à aristocrates musiciens, mais aucune de ces pièces n’a été trouvée. Les pages de Mozart choisies pour figurer dans ce CD d'hommage à l'amitié entre les deux compositeurs entretiennent, à divers titres, des « affinités » avec la viole : l’andantino en si bémol M. Anh.46 est écrit pour pianoforte et instrument à cordes obligé, sans que ce dernier soit précisément dénommé. Force est de reconnaître qu’il convient fort bien à la viole, tout comme la sonate KV 292 dont on ne sait ce qu'est devenu l’autographe, et à quels instruments elle était destinée. La KV 19 a probablement été composée à Londres en 1765 pour être jouée par Nannerl et Wolfgang alors qu’ils étaient en présence d’un des plus grands gambistes européens en la personne de Abel. Aux mains droites sont assignées une partie haute et une partie moyenne, tandis que la réalisation de la basse continue est confiée aux mains gauches. Il est frappant de constater que la partie moyenne, et avec elle, tous les accords, correspond exactement à la tessiture de la viole de gambe. Enfin , par ailleurs, un arrangement pour viole de gambe d’une aria de la Flûte Enchantée a été retrouvé dans un cahier contenant des pièces autographes d’Abel pour la viole. Il ne peut bien sûr s’agir que d’une pièce écrite par un inconnu puisqu’Abel était mort lorsque la Flûte fut crée en 1791 à Vienne. L’existence même de ce morceau justifie toutefois qu’il soit pris en compte. Un disque qui révèle un compositeur certes méconnu aujourd'hui, mais qui n'a jamais été qu'un ami de Mozart. Quant à l'importance qu'a eue la viole de gambe dans la création mozartienne, relativisons : la notice manque d'ailleurs à ce sujet de profondeur, de clarté et de cohérence. (Bertrand Abraham)  Did Wolfgang Amadé Mozart compose for viola da gamba? Certainly! His father Leopold Mozart bears witness to this. Joseph Fiala, the most famous viola da gamba player of the time after Carl Friedrich Abel, was Mozart‘s close friend and lived in Mozart‘s Salzburg birthplace from 1778 to 1785. Echo Klassik prize-winner Thomas Fritzsch performs on Fiala‘s 1709 Salzburg viola da gamba. Motivated by this precious instrument from Mozart's closest circle, Thomas Fritzsch set off in search of lost compositions. In the process, he discovered the long-lost Fiala Concerto for viola da gamba and orchestra in a Swiss monastery. The first recordings on this album are supplemented with traces of the viola da gamba from Mozart's oeuvre, which testify to the important role this instrument still played in Mozart's time. Fritzsch is accompanied by Michael Schönheit on an original tangent piano and the Merseburger Hofmusik.
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