Mieczyslaw Weinberg (1919-1996)
Symphonie n° 6 pour chœur de garçons et orchestre, op. 79
21 Pièces faciles pour piano seul, op. 34

Elisaveta Blumina, piano
Konzertchor Rutheneum
Philharmonisches Orchester Altenburg Gera
Christian K. Frank, direction
Laurent Wagner, direction

Alors que Weinberg devait partir pour les Etats-Unis, l’Allemagne envahit la Pologne. Il se réfugia en URSS. Il fut soutenu et protégé par des compositeurs russes. Oistrakh, Kogan, Gilels et la plupart des compositeurs d’avant-garde reconnurent son génie. Il devint l’ami de Chostakovitch. Victime de la répression antisémite de Staline, il fut arrêté en 1953 et sauvé in extremis... par la mort de Staline. Auteur de 26 symphonies, d’une dizaine d’opéras et ballets, et de 19 quatuors, Weinberg "oublia" sa propre existence dans la musique. Celle-ci est déroutante de sobriété, de tensions, d’humour et de fausses naïvetés. La Symphonie n° 6 avec chœur de garçons évoque, en 1962, les souffrances de la guerre et fait un lien explicite avec la Symphonie n° 13 "Baby Yar" de Chostakovitch. Les interprètes traduisent avec beaucoup de précision et d’engagement – excellents solistes notamment dans les vents – le caractère profondément narratif de cette œuvre aux sujets terrifiants. Rythmes de fanfares, fêtes imaginaires, processions funèbres, sarcasmes sonores dignes de l’écriture de Chostakovitch… Tout le matériau d’un ouvrage lyrique de grande envergure est réuni (on retrouve cela dans "La Passagère", l’opéra le plus connu de Weinberg). Les trois poèmes utilisés dans la partition apportent une lueur d’espoir. Ils sont portés par la voix des enfants. Tout naturellement, les 21 Pièces faciles pour le piano qui datent de 1946 cherchent le rêve dans l’imaginaire russe. Un disque fort bien pensé. (Jean Dandrésy)