Sergio Fiorentino Enregistrements live de jeunesse et prises inédites - RH026

Ici même, Jean-Charles Hoffelé, ou ailleurs, sur son blog, Jean-Pierre Rousseau, ont à juste titre rappelé les mérites de ce pianiste méconnu (1927-1998), farouchement attaché, en dépit de son nom, à sa Naples natale. Méconnu parce que sa carrière, après un accident d’avion dont il sortit vivant en 1954, le fit se concentrer sur l’enseignement au Conservatoire de Naples, à l’exception de quelques concerts en Grande-Bretagne. Il reprit des activités de concertiste au début des années 1990 mais mourut subitement en 1998 sans avoir bénéficié du renom tardif des Arrau, Bolet ou autre Cherkassky. Son art était pourtant unanimement reconnu. Le toujours pince-sans-rire et suprêmement élégant Arturo Benedetti Michelangeli disait de lui : « E' il solo altro pianista» (il est le seul autre pianiste)!... Pour prendre la mesure de sa « sainteté », selon Mark Malkovich, regardez sur You Tube les nombreux témoignages de son art. Le présent CD couvre en quelque sorte les débuts de la carrière de Fiorentino. Un Prélude et Fugue en la mineur de J. S. Bach et l’ardente Fantaisie en fa mineur de Chopin, interprétés lors du Concours de Genève, le 3 octobre 1947. Le quatrième Concerto pour piano et orchestre op. 40 de Rachmaninoff, dans sa version définitive de 1941, le 22 juin 1955 au BBC Hall à Edimbourg. Une Méphisto-Waltz S. 514 diaboliquement survoltée de Liszt, ainsi que la Polonaise-Fantaisie op. 61 et l’Impromptu-Fantaisie op. 66 n°4 de Chopin, dans des prises réalisées en juillet 1958 à Hambourg, mais crapuleusement publiée sous le nom de Leff Pouishnoff. Il est vrai que certains éditeurs n’ont pas hésité à susciter un invraisemblable et inexistant Paul Procopolis pour diffuser ses enregistrements. On trouvera également sur cette galette, une Tarentalla op. 43 débridée de Chopin enregistrée à Londres le 4 mars 1960, et enfin l’arrangement par Fiorentino lui-même de la Vocalise op. 34 n° 14 de Rachmaninoff, saisi à Londres le 20 août 1962. En parallèle à l’ensemble des enregistrements déjà republiés par Concert Artist Recordings, Rhine Classics ou APR, ce CD permet de découvrir, dans de superbes remastérisations, des prises inédites faites en studio ou en public, confirmant l’impression que la fabuleuse technique discrète de Fiorentino lui permettait de jouer comme il respirait tout un large répertoire, avec un naturel confondant, quelque soient les difficultés des partitions. Le témoignage du spécialiste de l’histoire de l’enregistrement, Ernst Lumpe, ajoute un intérêt tout spécial à la publication de ces enregistrements, et fait de cette publication un événement absolument remarquable. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)