 « Concerto per Viola Original Tartini » : La traduction de « viola », dans ce titre de partition, en « viole » plutôt qu' en « violon », a souvent été discutée : Comment Giuseppe Tartini, violoniste de réputation européenne, maître de l'Ecole des Nations qu'il avait fondée à Padoue pour enseigner cet instrument, aurait-il pu dédier des concertos à la viole de gambe, instrument qui, après avoir connu ses heures de gloire à la Renaissance, se trouvait alors, en Italie et dans nombre d'autres pays, supplanté par le violoncelle ? Mais Cristiano Contadin, qui dirige de la viole de gambe son ensemble Opera Prima, nous le démontre de façon convaincante : La partie soliste de ces trois concertos convient tout à fait à la viole de gambe, par sa versatilité et son adaptabilité, par la sensualité du son. Cet enregistrement nous livre de fait une musique pleine de charme, variée, sensible et élégante. A trois concertos sont jointes deux sonates, dont celle, fameuse, des « trilles du diable », dont Tartini prétendait qu'elle lui avait été dictée par le diable au cours d'un rêve. Giuseppe Tartini (Pirano, Istrie, 1692 – Padoue, 1770) était un marginal, d'un caractère violent et passionné, ayant mené une vie de roman et beaucoup voyagé avant de se fixer, définitivement et malgré d'alléchantes propositions, à Padoue, où il fonde une Ecole des Nations qui attire les futurs virtuoses de toute l'Europe. Son style évolue au cours de sa carrière. D'abord tributaire de Corelli puis de Vivaldi, accordant beaucoup d'importance à l'ornementation de tradition baroque, il aboutit plus tard, avec son légendaire coup d'archet, à une virtuosité annonçant le classicisme. Son jeu est chantant, surtout dans les adagios qu'il développe et charge d'une sensibilité nouvelle. Les œuvres ici présentées tiennent à la fois du style galant et du style « Empfindsam » (sentimental). Un album d'écoute très plaisante, d'un compositeur trop souvent identifié à un petit nombre d’œuvres emblématiques. (Marc Galand)  In the Italy of the Age of Enlightenment, especially in Padua, where Giuseppe Tartini the famous composer and violinist from the Istrian (today: Slovenian) Piran had devoted his life to practice as well as to musical theory and didactics - at that time the viola da gamba, after having experienced an undisputed heyday in the Renaissance and early Baroque, gradually disappeared from instrumental ensembles. In the present recording, sonatas and concertos for this instrument can be heard, and all the notes written by the composer have been preserved unchanged. At the same time, this opens up a way to expand the repertoire for the viola da gamba - an instrument quite capable of tackling the virtuosic, coloristic and espressive elements usually reserved for the violin.
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