 L'œuvre pianistique de Messiaen est remarquablement servie, d'abord par Y. Loriod, sa 2e épouse, puis, entre autres, par R. Muraro, à qui le maître témoigna son admiration. C. Longobardi, qui consacre sa riche carrière à la musique des XXe et XXIe siècles, et a été récompensé par divers prix, dont, l'Abbiati, saluant son enregistrement, en 2019, de l'un des grands « blocs » de la production pour piano du compositeur-ornithologue, le Catalogue d'Oiseaux, publie ici ses pièces séparées, « hors cycles » , produites depuis 1928-29 (les 8 Préludes encore marqués par l'influence de Debussy) jusqu'à l'année 1970 (la Fauvette des Jardins, pièce probablement la plus difficile du compositeur). En passant par les Quatre études de rythme qui firent (à tort) l'effet d'un manifeste parmi la jeune génération acquise au sérialisme intégral. Rien n'est plus opposé à l'approche du pianiste italien que l'abstraction et les spéculations métaphysico-philosophiques. Dans une interview en italien, il s'extasiait plutôt sur « l'étonnement devant la création », « l'aspect presque naïf », « l'enchantement d'enfant » du compositeur. Le maître-mot pour cet interprète est « clarté ». Sa vision sensible, charnelle, sensuelle, est d'abord celle d'un musicien qui « touche » superbement un instrument super réactif, on ne peut mieux adapté à ses désirs, puisqu'il s'agit d'un Fazioli F 278 permettant les nuances les plus minimes et subtiles. Longobardi magnifie dans ces pages très diverses, mais jouées avec un égal bonheur, une précision d'où naît une poésie aussi délicate qu'éclairante, et même une sorte de « nonchalance » attachante, un des aspects les plus secrets, les plus mal compris et les plus discutés de la langue musicale de Messiaen : l'insistance permanente mise sur la couleur. De façon encore plus accomplie que d'autres grands interprètes, Longobardi s'affirme comme un remarquable timbriste, coloriste et peintre. Il y a dans les dessous techniques de la virtuosité de sa Fauvette comme l'évidence de la nature du monde des oiseaux, et sans jamais rien simplifier, il excelle à exposer et à éclairer pourtant de façon simple les multiplicités du piano-Messiaen. Magnifique ! (Bertrand Abraham)  New recordings from an acclaimed Messiaen pianist of major works beyond the Vingt regards and Catalogue d’oiseaux. While most listeners to 20th-century music and piano masterpieces will have recordings of Messiaen’s two major cycles in their collection, the rest of his piano music often tends to fly under the radar. Yet Messiaen wrote piano music throughout his life, and among his most characteristic early works is the set of eight Preludes, with their playful evocations of wind and air and dreams and light. The piano writing may owe much to Debussy’s example, but it’s clear that the 20-year-old composer was already well on its way to developing unique aspects of his language: the blue harmonies, the repetitions and the patient ascensions towards a state of ecstasy that make him among the most imitated of last century’s composers. From the middle period of Messiaen’s protean career, the Quatre études de rythme exercised lasting influence over the most brilliant composers of the avant-garde generation including Boulez and Stockhausen, though their application of the principles of ‘total serialism’ is much less dry and more vivid than countless later imitators. Ciro Longobardi’s album concludes with perhaps the composer’s single most technically challenging piano work, La fauvette des jardins. This half-hour portrait of the reed-warbler stands as an appendix to the Catalogue d’oiseaux, rarely encountered but a feat of coruscating virtuosity to set alongside the Transcendental Etudes of Liszt and the studies of Alkan and Godowsky. The Italian pianist Ciro Longobardi proved his mettle in Messiaen with a glowingly received album of the Catalogue d’oiseaux for Piano.

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