Martinu Les Fresques Tchaikovski Symphonie n 6 Kubelik - C521991 - Petits prix - par Orfeo

Voici un programme étonnant et passionnant. Etonnant car il réunit deux univers qui n’ont aucun point commun entre eux. Passionnant aussi, car on assiste à un évènement avec la création mondiale (26 mai 1956) en concert de l’un des chefs-d’œuvre du compositeur tchèque Bohuslav Martinu. Les "Fresques de Piero della Francesca" furent composées l’année précédente. La lecture de Kubelik est particulièrement attentive à la mise en place et la prise de son monophonique accentue cette dimension tendue qui n’existe pas dans la gravure, cette fois-ci stéréo, qu’il réalisa en 1958 pour Emi. C’est un document baigné d’angoisses et dont la richesse des timbres et la complexité étrange des rythmes dans le finale se résolvent dans la lumière la plus sereine. La lecture de la Symphonie "Pathétique" de Tchaikovski est d’une grande finesse. Les solistes du Philharmonique font preuve d’une superbe virtuosité, suivant les accelerandos de Kubelik, étageant les plans sonores, comme peu d’orchestres pouvaient alors le faire avec une telle constance. Quelle élégance dans les traits des cordes, les pizzicati des violoncelles ! Nulle nervosité, mais une sonorité ronde, généreuse, brillante. Il faut écouter comment le chef amène les pianissimos et comment il propulse l’orchestre dans le mouvement de l’Allegro molto vivace. La clarté, la précision sont au cœur de l’art de Kubelik dont les cinq versions connues de cette partition majeure du répertoire romantique ont toutes été réussies. On peut donc comprendre que pour les mélomanes, et malgré le son mono, ce disque revête une incontestable dimension historique. (Jean Dandrésy)