Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Ouverture "Coriolan", op. 62
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, op. 55 "Héroïque"

Wiener Symphoniker
Otto Klemperer, direction

Capté dans une excellente monophonie au Theater an der Wien le 16 juin 1963, dans le lieu (alors restauré) où furent créées tant d’œuvres de Beethoven, ce concert appartient à l’époque de la “résurrection” du chef allemand. Physiquement diminué, Klemperer menait pourtant une carrière extraordinaire en Europe. L’année 1963 fut marquée notamment par des engagements à Londres, mais également en Allemagne et à Vienne. Les longues périodes de dépression qu’il avait traversées peuvent expliquer, d’une certaine façon, l’étonnante puissance de ses interprétations. L’Ouverture de Coriolan est ainsi portée par un profond sentiment de tristesse tout comme la Symphonie « Héroïque » dont le climat s’installe progressivement. Il existe une dizaine d’interprétations de cette symphonie sous la baguette de Klemperer, mais peu d’entre elles évoquent à ce point dans la marche funèbre, le souvenir de la Mort de Prométhée, extrait du ballet Les Créatures de Prométhée. Klemperer réduit la respiration, accentuant la dimension désespérée de cette page. La course fougueuse du scherzo est tenue de bout en bout, jouant sur des tensions incessantes et le finale dont l’allure devrait être conquérante et jubilatoire se révèle d’une rudesse guère propice aux épanchements… héroïques ! Une lecture très personnelle et particulièrement intéressante. (Jean Dandrésy)