 Mario Castelnuovo-Tedesco, entendant la Sonate pour violon de son maitre Ildebrando Pizzetti, lui consacra un vaste article, saluant un apport majeur à la littérature chambriste italienne. L’œuvre est sombre, méditative, parcourue d’échos de chants juifs, l’ombre de la Grande Guerre y est omniprésente, Hagai Shaham lui donne ses couleurs de deuil, le piano d’Arnon Erez en ardant les tempêtes et les protestations. Grande partition qui en effet changeait drastiquement le visage de la littérature chambriste italienne telle que l’avait créé Martucci. Merveille au gout de cendre, la Preghiera per gl’innocenti, écoutez seulement cette émotion. Hagai Shaham vole aux violoncellistes les Tre Canti, alliage de tendresse nostalgique, pur charme pour les deux premiers, avant l’appassionato du troisième. A peine cinq années de distance entre les Canti du maître et la Sonate de l’élève. Mario Castelnuovo-Tedesco composa l’œuvre sur mesure pour Adila Fachiri, égérie de Bartók qui lui dédia ses Sonates, avec plutôt dans l’oreille la sonate de pure fantaisie de Debussy. A son image il l’a fait brève, hésitant entre caprice et réverie, Hagai Shaham y convoquant l’imaginaire faunesque d’un archet sensuel. Plus modeste, les Vocalises d’abord écrites pour soprano, furent transcrites pour le violon par Mario Corti, le créateur de la Sonate de Respighi. Leurs inflexions de musique séfarades, leurs suspensions languides, un gout immodéré pour la chanterelle les transforment en merveilles sensuelles, ce que la version strictement vocale ne faisait pas entendre à ce point. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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