 Prenant la direction musicale de l’Orchestre Symphonique de Boston en 1962, Erich Leinsdorf imposa son répertoire, essentiellement composé des classiques et des romantiques allemand, le tout assaisonné d’un fort tropisme viennois. Si Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann et Brahms étaient passés dans les habitudes d’écoute des abonnés, il saurait imposer Bruckner, Richard Strauss, Alban Berg, Schoenberg et jusqu’à Zemlinsky, mais son grand œuvre serait pour Gustav Mahler, compositeur révélé au public américain par Bruno Walter et Dimitri Mitropoulos. La RCA accepta de s’engager dans une intégrale des Symphonies, mais le projet subira diverses avanies et se heurtera finalement au départ avancé d’Erich Leinsdorf et à la tornade Bernstein : les USA avait trouvé leur chef Mahler, et ce ne serait pas Leinsdorf, pourtant viennois de naissance. Las ! Seules les Première, Troisième, Cinquième et Sixième Symphonies seront captées, faisant heureusement l’objet d’une des plus belles prises de son d’orchestre qu’auront signé les ingénieurs de la RCA. Si la Cinquième Symphonie a été plusieurs fois rééditée en compact disc, la Sixième n’aura, à ma connaissance, reparu dans ce format que fugitivement en Corée. Probablement la source utilisée pour ce parfait repiquage. Lecture âpre, ardente, violente, avec une saisissante échappée belle pour l’Andante et son nocturne pastoral, simplement l’une des plus belles versions de cette œuvre, qui semble annoncer la furia déclenchée par Georg Solti à Chicago. Ecoutez seulement, mais commencez par cette Sixième avant de vous engager dans le kaléidoscope d’une Cinquième Symphonie tout aussi fascinante. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Disparu en 1993, le chef d’orchestre autrichien naturalisé américain Eric Leinsdorf fut, à Salzbourg, assistant de Bruno Walter. Remarquable chef d’opéra, il mena la plus grande partie de sa carrière au Etats-Unis. En 1962, il succède à Charles Munch à la tête du Symphonique de Boston. Durant huit ans, il poursuivit le travail de ces prédécesseurs. Le son "directe", puissant, parfois très anguleux de la formation américaine se ressent dans les deux symphonies parues chez RCA. La captation analytique laisse passer tout le grain des pupitres somptueux de Boston dans une Symphonie n° 5 anguleuse, cinglante, dramatique et d’une puissance qui n’a rien à voir avec les effusions postromantiques, à la même époque, d’un Bernstein au Philharmonique de New York. Cette vision monochrome et aux tempi très rapides de l’œuvre conduit parfois à certaines rigidités, des traits courts, un rubato réduit. Cette sécheresse peut gêner dans l’Adagietto par exemple, mais elle fait merveille dans tous les passages teintés de sarcasme et d’ironie. Une lecture aussi décantée se poursuit avec la Symphonie n° 6 captée en 1965 et non pas comme indiqué en 1966. D’une très belle facture, elle est une "belle inconnue" de la discographie, assez proche, par exemple, de ce que réalisa Klaus Tennstedt au début des années 90. Tout est vécu dans l’urgence et la prise de son charnue, supérieure à celle de la Symphonie n° 5 rend l’interprétation d’autant plus intéressante. Regrettons toutefois l’absence de livret. (Jean Dandrésy)  With Georg Solti and Leonard Bernstein, Erich Leinsdorf was among the pioneers of the complete recording of Gustav Mahler’s Symphonies. The three labels for which the three great conductors recorded (Decca, CBS, RCA) were competitors, and in the 1960s public favors were disputed over a composer who, at the time, did not have the reputation he has today. These were certainly very important integrals, which still today serve as a point of reference for Mahlerian interpretation. Unfortunately, following the vicissitudes of the American RCA, the Leinsdorf integral has become unobtainable on the market. With this edition, we are publishing two of the Austrian conductor’s most important achievements, precisely drawing it from that complete work: the Fifth and Sixth symphony, interpretations that still set the standard today, and which enjoy a sound quality of great beauty, which years have not dulled.
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