Johann Sigismund Kusser (1660-1727)
Adonis, opéra en 3 actes

Yannick Debus, baryton (Adonis)
Ulrike Hofbauer, soprano (Venus)
Anita Rosati, soprano (Cupido)
Nina Bernsteiner, soprano (Daphne)
Nils Wanderer, contreténor (Apollo)
Seda Amir-Karayan, alto (Pallas)
Morgan Pearse, basse (Vulcanus)
Dominik Wörner, basse (Jupiter)
Il Gusto Barocco
Jörg Halubek, clavecin, direction

Son caractère ombrageux continuerait-il à lui nuire par-delà le tombeau ? Johann Sigismund Kusser est resté un inconnu de la révolution baroque au XXe Siècle, le formidable enregistrement que Jörg Halubek entouré d’une brillante équipe de chant consacre à son Adonis, créé à Stuttgart lors du basculement dans le XVIIIe Siècle, rend cette longue désaffection incompréhensible. Kusser passa huit années à Versailles auprès de Lully, on le mentionne alors sous le nom francisé de Cousser, et déjà son caractère bien trempé le démarque des suiveurs qui entourent l’auteur d’Atys. De France, Kusser ramènera le gout des grands divertissements, des orchestres opulents et virtuoses (ce que Jörg Halubek réalise somptueusement), il importe également sur les scènes allemandes où il régna quasi à l’égal avec Keiser, le premier belcanto italien, parant ses rôles de soprano d’une écriture supra virtuose, où les étrangetés d’écriture, dans les airs comme dans les ornements, sont autant de piments. Adonis est à la croisée des chemins, livret en langue allemande, couleur française des danses et de scènes de chasse, chant italianisant, le tout porté par un génie de l’action scénique qui transcende l’acte III : la poursuite de Daphné par Apollon et sa transformation en laurier, la mort d’Adonis dans son ultime chasse face à un ours sont l’occasion d’effets spectaculaires. Bravo à toute l’équipe de chant qui triomphe des pièges virtuoses semés au long des trois actes par la plume intrépide de Kusser, mentions spéciales à l’Adonis de Yannick Debus – les premiers rôles consentis à des barytons ne sont pas légion dans les opéras de l’époque-, à l’impertinent Cupidon d’Anita Rosati, à la Daphné rayonnante de Nina Bernsteiner, les Déesses et les Dieux sont finement servis, se sont eux qui auront le dernier mot, prévenant des dangers d’aimer des mortels en élevant des temples pour Daphnée et Apollon. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Although the Greek gods were mightier than the vermin that they had build their temples, they were not immune to human impulses. Jealousy in particular often confused them – as Johann Sigismund Kusser showed the Stuttgart court around 1700, when he sent the "divine" opera heroes into a commotion. Cupid shoots wildly in every direction, causing Apollo to be after Daphne and Venus burns for Adonis, who in turn is only interested in a lively hunt – until finally an arrow hardened by Vulcan penetrates and he succumbs to the goddess of love. She weakens his aim and so a wild boar takes him by the tusks. It was long thought that this exquisite, effervescent opera was lost. However, it was tracked down and rediscovered by an Australian scholar in the Württemberg State Library in 2005, enabling Halubeck and il Gusto Barocco to record it and add another gem to the catalogue of baroque opera.