 Les 2 œuvres de Bigaglia interprétées ici sont des premières discographiques mondiales. Le moine de San Giorgio Maggiore de Venise doit en effet sa notoriété à ses sonates pour flûte à bec et non à sa musique sacrée, transférée, de son vivant, à l'abbaye de Kremsmünster en Autriche et dont on ignore si elle fut jouée. Sa messe en Fa se réduit comme c'est la règle chez lui au Kyrie et au Gloria divisés en sections pour tutti ou pour soliste(s). Mêlant le stile antico inspiré de Pergolèse, au style concertant de l'époque, elle annonce par certains traits la sentimentalité de l'Empfindsamkeit. Maîtrise du contrepoint souveraine. La forme fuguée, fréquemment sollicitée, contribue fortement à l'impression de fresque monumentale que donne l'œuvre (cf. le traitement extrêmement original à cet égard du Gloria) — agrémentée par ailleurs de duos à l'écriture à la fois virtuose et délicate, et d'un beau solo de basse. Le Miserere est d'une écriture chorale plus mate, assez austère, aux coloris sombres. Les airs (soli, duos, quatuor vocal) viennent tantôt en renforcer les tensions, tantôt aérer l'ensemble. Dans ces œuvres, les voix solistes féminines sont excellentes, bien assorties, également accomplies. Supérieures dans l'ensemble à leurs pendants masculins. Très belle prestation du Knabenchor de Hanovre. Une découverte qui fait de Bigaglia une figure majeure de la musique sacrée de son époque et elle appelle d'autres réalisations. La musique de Lotti, est plus connue. Ce Credo qui fait à l'origine partie d'une messe complète est d'une grande richesse expressive : l'œuvre, éclatante, plus compacte et plus facile que celles de Bigaglia trouve son point culminant dans le Crucifixus à 8 voix saisissant par la façon dont il fait de la dissonance un matériau ambivalent, car distribué de façon à assurer une sorte de rupture sans heurt dans la continuité de la trame mélodique. Là encore, très belle interprétation. (Bertrand Abraham)  For a very long time, the church music of Diogenio Bigaglia (1676-1745), who worked in the Benedictine monastery of San Giorgio Maggiore in Venice, has remained hidden from posterity. With the present recording, this musical treasure, which has slumbered in the archives for centuries, is being awakened from its beauty sleep. Although Bigaglia's number mass, which consists only of Kyrie and Gloria, is rooted in the aesthetics of the Baroque, it also reveals slight echoes of sentimentalism. The "Missa" is supplemented by Antonio Lotti's "Credo," which with its eight-part, highly dissonant "Cruzifixus" forms a further highlight of the program. The Hanover Boys' Choir and La Festa Musicale will play at their usual high standard and create an impressive soundscape in the outstanding acoustics in the church of the Stephansstift in Hanover. The choice of soloists is exquisite and leaves nothing to be desired with Veronika Winter (soprano), Magdalene Harer (soprano), Alex Potter (alto), Georg Drake (tenor), and last but not least Markus Flaig (bass).

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