 Un menuet célèbre dont Paderewski n’était pas avare dans ses bis de récitaliste, charmant, faussement désuet, un peu français dans ses déploiements fastueux, n’illustre qu’une part de l’œuvre qu’il destina à son instrument, c’est avec lui que Radoslaw Sobczak ouvre le beI album qu’il consacre à son illustre prédécesseur. Chopin évidemment sera une source première à laquelle s’abreuveront le pianiste comme le compositeur - écoutez simplement le Nocturne en si bémol majeur - mais comment ne pas percevoir en plus de l’aisance mélodique, un univers harmonique qui se souvient d’abord de Schumann ? Le jeu profond, les timbres savants de Sobczak triomphe de ce qui pourrait sonner un rien sentimental, et lorsque Paderewski est saisi par une inspiration qui peut être visionnaire comme dans la Toccata inspiré par un désert fantasmé – Alkan n’est pas loin ! – le pianiste polonais transfigure son jeu qui ne craint aucun des débordements virtuoses dont Paderewski n’était pas avare. Reste la Sonate, commencée alors que Paderewski était étudiant, œuvre épique, d’un romantisme noir dont les averses de notes, les accords boulés, les thèmes mélancoliques ou furieux prouvent que le jeune homme se rêvait d’abord compositeur et pas si loin que cela pour le style et l’ampleur du discours de ses contemporains russes, Rachmaninov et Medtner, avec un sens plus strict de la forme classique, ce qu’entend à merveille Radoslaw Sobczak qui saisit la noirceur de brasier de l’ Allegro con fuoco, véritable incendie où il transmue son piano en orchestre. Il faudrait qu’il poursuive dans son voyage chez Paderewski. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Virtuose adulé et « people » avant l’heure, ambassadeur acharné de la cause polonaise et premier ministre de la nouvelle Pologne après la première guerre mondiale, Paderewski n’atteignit pas tout à fait les mêmes hauteurs en tant que compositeur. Le programme proposé illustre deux versants de son œuvre pour piano, tiraillée entre petites pièces qu’on peut entendre comme des bis mais qui furent aussi sources de revenu (comme le célébrissime Menuet ou la Mélodie, publiés tels quels ou transcrits pour toutes sortes de formations) et compositions « sérieuses » comme la sonate op.21. Les premières sont par moments irritantes avec leurs maniérismes typiques du propre jeu de Paderewski., comme ce Menuet où des retards de plus en plus longs semblent destinés à mettre le public sur des charbons ardents avant de le faire glousser de manière entendue quand la tension se résout. A l’inverse, la Toccata est un tissu somptueux de climats, de couleurs et d’harmonies. La sonate op.21 est d’une toute autre densité avec son accumulation de motifs mélodiques ou rythmiques, sa tension dramatique et ses épisodes quasi expressionnistes : Allegro introductif dominé par le rythme, Andante aux réminiscences polonaises dont le traitement harmonique évoque une Europe plus occidentale auquel s’enchaîne un Allegro final galopant. Main droite perlée et main gauche travaillée, Radoslaw Sobczak excelle à parodier gentiment le style de Paderewski pianiste dans les miniatures, et à rendre très lisible la construction parfois touffue de la sonate : un très beau disque. (Olivier Eterradossi) The 100th anniversary of regaining independence is a great opportunity to familiarise music lovers with works by Ignacy Jan Paderewski. This talented composer and world-famous pianist, thanks to many patriotic initiatives, often drew attention to the importance of independent Poland for Europe. The album of Radoslaw Sobaczak, who won a honourable mention at the International Fryderyk Chopin Piano Competition in 2000, is entirely devoted to the profile of the Polish artist. The album programme consists of a series of small pieces including the famous Minuet, Op. 14 No. 1, and the monumental three-movement Piano Sonata in E flat minor, Op. 21. Only a few artists can boast of recording this extremely difficult composition.
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