 Ce quatrième volume de l’intégrale des sonates de Dussek, qui rassemble ici encore des œuvres de périodes diverses, démontre une nouvelle fois l’originalité et la modernité de l’œuvre du compositeur. On a constamment à l’esprit des pianistes plus jeunes de quasiment une génération, tels Cramer, H. Jadin, Hummel, Tomasek, alors que la première sonate (op. 5 n° 3) de 1788, est contemporaine des dernières de Mozart, évoluant dans un univers totalement différent. Schubert est effleuré à maintes reprises, et même Chopin… Dussek est à l’aise dans la forme en deux mouvements, même si ce schéma courant à l’époque peut recouvrir des couleurs et des affects variant énormément d’une sonate à l’autre. La sonate la plus tardive, la célèbre « Elégie harmonique sur la mort de Louis Ferdinand » (le Prince Louis-Ferdinand de Prusse, un des patrons de Dussek, tué lors d’une bataille en 1806), bien que datée de 1807, n’aurait pas déparé au catalogue de maint compositeur romantique. L’interprétation nerveuse, puissante et nuancée de Tuija Hakkila insuffle vie et couleurs à cette musique riche, par moments d’une ampleur quasi-symphonique. La pianofortiste finlandaise alterne ici l’emploi d’un superbe instrument à mécanique viennoise (~ 1800) avec celui d’un piano anglais exactement contemporain. Il était temps qu’une intégrale, qui s’annonce de référence, et dont on attend avec impatience les volumes suivants, soit consacrée à ce compositeur majeur. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  Jan Ladislav Dussek (1760-1812) was a composer-virtuoso esteemed by Haydn, from the same generation as Beethoven but far more travelled, feted in salons and palaces from London to St Petersburg. The four sonatas on this disc all come from different periods: The earliest (Op.5 No.3 in A flat) dates back to 1788, the threshold of the French Revolution, while the last (Op.61 in F sharp minor) was composed in 1807, in the midst of the turmoil of the Napoleonic Wars. The B flat major Sonata Op.24 reflects Dussek's time in London, and Op.43 in A major the period of his hasty departure from London, abandoning his young wife in London and fleeing to Hamburg to avoid his creditors, notably including Lorenzo da Ponte. In the sonatas from Op.24 onwards Dussek richly exploits the colourful sonorities of then-new-five-and-a-half-octav Broadwood grand, mingling flamboyant virtuosity and explosive rhetoric with a rhapsodic expansiveness and harmonic side-slips that foreshadow Schubert. The music is tautly structured and passionately argued, with richly imaginative textures and a subtle use of chromaticism for poignant effect. On this latest instalment in a projected complete set of the sonatas, each album performed by a different pianist specialising in music of the Classical era, the Finnish pianist Tuija Hakkila plays two instruments: a Viennese five-octave instrument of anonymous manufacture dating from around 1800, and a modern copy of a Longman Clementi fortepiano (London, 1799) made by Chris Maene. Both pianos are ideally suited to the drama, virtuoso brilliance and often deep, rich sonorities of these sonatas.

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