 Le violoniste italien Bazzini, bien qu’auteur exclusif de musique instrumentale, tel Corelli un siècle et demi auparavant, ne pouvait pas échapper à son époque, et à la frénésie de l’opéra qui dominait principalement l’Italie tout au long du XIXe siècle, et au-delà. Les créations de ses collègues auteurs d’œuvres lyriques l’ont profondément marqué, depuis son plus jeune âge (la première paraphrase sur les Capulets et les Montaigus, d’après Bellini, date de 1833, alors que Bazzini n’avait que 16 ans !). On remarque d’ailleurs une très nette prédilection pour les compositeurs de la jeunesse du musicien : Bellini meurt alors que Bazzini n’a que 17 ans, Donizetti (qu’il connaissait personnellement) alors qu’il n’en a que 29. Weber décède quand il en a 8, l’année d’Oberon. La Saffo de Pacini est créée en 1840, Bazzini a 22 ans. Par contre, il semble imperméable au triomphes verdiens. Seule une tardive Fantaisie sur la Traviata, précédée d’un « Souvenir » d’Attila, et d’une fantaisie sur « I Masnadieri », témoignent de l’attrait de certaines mélodies du maître, de cinq ans son aîné… De même, l’Esmeralda de Mazzucato, compositeur bien oublié né en 1813 comme Verdi, date de 1838… Cet attrait marqué pour les mélodies de sa jeunesse comme source d’inspiration pour créer de nouvelles œuvres a plusieurs origines : les pots-pourris du siècle précédent ont laissé place à des « Variations brillantes », « Souvenir », « Réminiscences » et autres « Fantaisies » très en vogue chez les virtuoses soucieux de se mettre en vedette, et auprès de leurs auditoires friands de reconnaître leurs airs favoris sous une forme nouvelles ; le désir de s’approprier d’exquises mélodies en les adaptant à son propre instrument ; enfin, une forme de nostalgie pour une époque révolue, et probablement heureuse, de découverte de toutes sortes de créations musicales, doublé du désir de leur donner une nouvelle vie dans des réalisations personnelles. Le talent créatif, mais aussi technique et mélodique du jeune Bazzini, est restitué ici pour notre plus grand bonheur par la jeune mais très douée jeune violoniste roumaine Anca Vasile Caraman, qui se joue des difficultés parfois redoutables de ces pièces avec une aisance confondante, tandis que Alessandro Trebeschi au piano lui donne parfaitement la réplique. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  Unrivalled on disc: the first-ever complete set of Romantic-era transcriptions made by the most dazzling virtuoso of his day. In the generation after Paganini, Antonio Bazzini (1818-1897) sustained a peerless reputation for flying fingerwork and astonishing feats of legerdemain on the violin. As both a virtuoso violinist and composer, he was a product of his time and place, working in a musical culture dominated by opera. His ‘Dance of the Goblins’ has long been a mainstay of the recital repertoire for violinists seeking to send their audiences on their way with gasps of astonishment, but his transcriptions are much more developed and extensive pieces. They rework not only some of the defining passages of 19thcentury Italian opera, but many themes and arias that are now less familiar. Bazzini found in the operas of Bellini a particularly fruitful source of inspiration, writing no fewer than three separate fantasias on themes from La sonnambula through the course of his career, as well as pieces based on Norma, I puritani, La straniera, Beatrice di Tenda, Il pirata and (when he was just 16 years old) I Capuleti e i Montecchi: an astonishingly vivid and precocious piece of work, handled here with sovereign mastery by the young Romanian violinist Anca Vasile Caraman. Accompanied here by the Mantovan-born pianist Alessandro Trebeschi, Caraman is equally impressive in Bazzini’s extended, improvisatory reworkings of climactic moments in Lucia di Lammermoor and Anna Bolena by Donizetti. Having taken a cold attitude towards the young Verdi, Bazzini was later won over by the genius of La traviata, which resulted in a truly concertolike fantasia as well as no less technically demanding fantasias on Attila and I masnadieri. In these works, as in the three fantasies on themes from Pacini’s Saffo, Bazzini emulates Franz Liszt in venturing far beyond literal fidelity to the notes, towards an expressive fidelity to the original dramas.

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