Horatiu Radulescu (1942-2008)
"L'Exil Intérieur", op. 98, pour violoncelle et piano
"Das Andere", op. 49 (version pour violoncelle)
"Pre-Existing Soul of Then", op. 76, pour 2 violoncelles
"Lux Animae", op. 97, pour violoncelle

Catherine Marie Tunnell, violoncelle
Ian Pace, piano

L’attrait d’Horatiu Radulescu (1942-2008) pour le violoncelle s’affermit, bien entendu, à sa rencontre (puis son mariage) avec la soliste Catherine Marie Tunnell, à l’œuvre sur ce disque, qui rassemble les œuvres complètes pour cet instrument – premiers enregistrements (et pour deux d’entre eux, premières captations de la version pour violoncelle ; Lux Animae, retravaillé, devait figurer le solo du concerto Ulysses, laissé inachevé au décès du compositeur). La force dramatique du (long) premier mouvement de L’Exil Intérieur est impressionnante, l’intensité de Sacred Sound ? (sa deuxième section) fait presque peur, Ancestral Bells insinue subrepticement sa mélodie dans le corps entier de l’auditeur, qui sort pantelant de cette intromission et n’a pas le temps de se remettre pour se prendre The Origin ?, partie finale d’une pièce à l’image de la musique de Radulescu : à part, dérangeante, exigeante, étincelante – celle d’un homme non conventionnel qui « adore la beauté, […] contrairement à ceux qui, après la guerre, n’ont plus voulu [la] cultiver ». Exilé éternel, comme Xenakis, Radulescu (il est Roumain, vit en France, en Suisse…) pose en 1969 les axes principaux de la musique spectrale (il n’aime toutefois pas cette étiquette – il n’aime aucune étiquette), résiste longtemps à introduire, tels quels dans ses compositions, des éléments de musique folklorique, notamment de son pays d’origine (alors qu’il se sert de ses timbres et techniques) et se sent redevable « A toute l’humanité, et pas seulement à la musique. Aux philosophes, aux peintres, au bordeaux, aux cigares! ». (Bernard Vincken)