Haendel Concertos Et Sonates Pour Claviorganum Naessens Il Gardellino - Pas1060

L’instrumentarium du XVIIIe Siècle ne manquait d’invention mais savait aussi faire perdurer les instruments des siècles précédents. Les premiers claviorganums apparaissent au XVe siècle, combinaison en un seul meuble d’un orgue positif et d’un clavier à cordes pincées. Les anglais en étaient toqués, le Victoria Hall Museum en conserve un très bel exemple sorti en 1579 des ateliers du facteur Lodewijk Theewes qui aura pour partie inspiré les splendeurs versicolores du magnifique instruments construit en 2002 par Markus Harder-Völkmann, que joue ici avec virtuosité Bart Naessens. Burney note qu’Haendel jouait un claviorganum lors de ses concerts londoniens, et même durant l’exécution de ses oratorios, il n’y avait donc plus qu’à recréer un programme herborisant entre Concertos, Suite, Sonates en trio où la diversité des claviers, l’aisance du passage d’un instrument l’autre donneraient aux œuvres un allant et une variété supplémentaires. Disque savoureux où le génie mélodique d’Haendel éclate, comme rafraichi dans les couleurs avivées d’Il gardellino, et montre grâce à la poésie virtuose du soliste toutes les possibilités de ce bel hybride que ce soit pour briller en soliste ou pour animer une basse continue. (Disciphilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Omniprésent dans les sources iconographiques depuis le milieu du 15e siècle et complètement oublié aujourd'hui, le Claviorganum joua un rôle prépondérant dans la musique européenne durant trois siècles. Cet instrument hybride fait partie de ces multiples combinaisons instrumentales qu'affectionnaient les facteurs et luthiers de l'époque. « Il a le soufflet d'un positif et le toucher d'un clavecin de sorte que les sonorités du positif sont complétées par la percussion » (Paulus Paulirinus, 1459). Chose intéressante, l'instrument était débrayable et on pouvait ainsi sur le temps d'un morceau, utiliser chaque registre séparément. Classé dans l'inventaire des biens de la cour Royale d'Henri VIII, l'instrument était de notoriété publique en Angleterre. Il en existe aujourd'hui un seul exemplaire signé Lodewijk Theewes (1579) que l'on peut admirer dans la collection du Victoria and Albert Museum. Accompagné de l'ensemble Il Gardelllino, Bart Naessens a choisi quelques pièces de Haendel (qui a testé lui-même l'instrument) dont trois Concertos issus des opus. 4 et 7. Naessens joue sur une magnifique réalisation de Markus Harder-Volkmann basée sur un petit orgue positif et une copie d'un clavecin de Aelpidio Gregori (1726). Le programme est complété par le Concerto pour flûte HWV 287 interprété avec autorité par Jan de Winne, un Concerto Grosso, une petite Sonate en Trio et une Suite pour clavier seul. A l'écoute, le Claviorganum sonne différemment selon les œuvres : plus flûté et cristallin qu'un positif ordinaire (HWV 292) ou très voisin du clavecin (HWV 293). Même si l'ambitus s'avère limité aux aigus et au médium du spectre, l'instrument déploie toutes ses facettes dans la Suite en Fa adaptée ici pour ce dernier. Les vertus roboratives et l'éloquence naturelle de ce programme Haendelien sont exaltées par Il Gardellino et les différents solistes. Superbe ! (Jérôme Angouillant)