L’œuvre d’un successeur de Mozart, le Premier Concerto ? Ceux qui le pensent vont avoir une sacrée surprise. Michael Korstick le piaffe, l’envole, le fait tonner, se régalant des rythmes et des humeurs avec une sorte d’insolence qui rend à l’écriture beethovénienne son caractère improvisé : on a le sentiment que l’encre en est à peine sèche. Ce n’est pas le moindre des enseignements de cette intégrale quasi complète – manque hélas la Fantaisie - du piano concertant de Beethoven : venant après bien des lectures historiquement informées, ce à quoi le pianiste comme le chef et son orchestre ne sont audiblement pas indifférents, elle est tout aussi philologique par l’ardeur, l’élan, l’audace d’un jeu pianistique où la main gauche foudroie et la main droite persiffle. Des gifles de son dans les deux premiers concertos, de l’air, de l’espace aussi, et une fantaisie rapace qui fascine. Cet appétit de notes est vertigineux. Puis soudain dans le 4e cet atticisme, cette pureté, cette éloquence intemporelle qui après les médiations plus inquiètes du Troisième Concerto viennent d’un autre monde. Fascinant, tout comme l’Empereur, épuré et qui arde pourtant. Dans le Concerto déduit de celui pour violon, le pianiste ose tout, son inspiration déborde la partition, il se fait recréateur, alors qu’il aborde le Concerto n° 0 avec une tendre affection, et qu’il donne au torso du 6e une éloquence saisissante. Au long de ce parcours éclairé, l’orchestre de Constantin Trinks rayonne, si viennois de timbre, idéalement accordé au geste visionnaire d’un beethovénien majeur de notre temps. Hier ses Sonates nous transportaient, comme aujourd’hui ses Concertos. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Le titre a de quoi surprendre, et c’est effectivement une intégrale inhabituelle des concertos pour piano de Beethoven puisque, pour la première fois, se trouvent réunis huit concertos ! La nomenclature usuelle, qui n’en mentionne que cinq, date d’après la mort du compositeur et, par la suite, plusieurs numérotations ont été en concurrence. En dehors des concertos 1 à 5, abondamment enregistrés, on trouvera donc : Le concerto de jeunesse numéro 0 en mi bémol majeur WoO 4, qui a connu un regain d’intérêt avec les célébrations du 250e anniversaire de Beethoven ; La transcription pour piano du concerto pour violon, réalisée par Beethoven lui-même, avec sa monumentale cadence du premier mouvement, et son remarquable solo de timbales. Habituellement présenté comme numéro 6, il est ici numéroté 7 en accord avec les travaux de Czerny. Une ébauche de concerto en ré majeur, portant ici le numéro 6. Dernier concerto chronologiquement, il ne comporte qu’un seul mouvement, dont une grande partie a été entièrement écrite, d’autres passages seulement esquissés. L’ensemble a été reconstruit en un tout cohérent par un musicologue en 1986. Non numérotée dans le catalogue de Beethoven et n’apparaissant pas non plus dans la liste des WoO (Werk ohne Opuszahl, oeuvres sans numéro), cette ébauche de concerto rarissime porte tous les traits beethoveniens et ravira évidemment les amateurs d’intégrales. L’inhabituelle complétude du catalogue suffirait en elle-même à se procurer ce coffret de quatre disques. Pour ne rien gâcher, l’orchestre offre une lecture claire, très analytique des oeuvres, aussi bien dans les mélodies simples et entraînantes du concerto 0 que dans les sombres mouvement du 3e, dans l’intimité du 4e ou dans les pages héroïques du 5e. Le pianiste Michael Korstick, déjà très remarqué pour son intégrale des sonates, fait merveille. Un livret d’accompagnement richement documenté et illustré achève de faire de ce coffret un must. (Walter Appel) Finally: Beethoven's Piano Concertos 0 to 7 as interpreted by Michael Korstick are available on 4 CDs, and once again he sets new interpretational standards. In the meantime, volumes have been filled with attempts to approach the question of an adequate interpretation of Beethoven's works, and with the indispensable elements of grandeur, drama and inwardness, the study of these works remains timelessly topical and will continue to open up new perspectives in the future. This complete recording of all the piano concertos arranges the six works that Beethoven gave an opus number in the appropriate order, leaving all the other pieces to follow on the fourth CD. This project would not have been possible without the generous support of Dr. Ernst Denert. For his patronage, Michael Korstick was able to fulfil a long-cherished dream.
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