Clara Haskil et Géza Anda auront confié leur Concerto en ré majeur aux micros de Walter Legge sous la baguette du fidèle Alceo Galliera, gravure demeurée mythique qui célébrait la fusion de deux génies jouant à armes égales, et chantant en s’épaulant tout au long d’un Adagio où ils sont seuls l’un à l’autre. En concert, ce moment les yeux dans les yeux à quelque chose de plus nu, de plus droit, de plus évident, et à la fin de plus bouleversant qu’au studio. Dans les mouvements vifs, l’apport de Karajan, qui vénérait Clara Haskil, est décisif, ponctuant le premier mouvement, insinuant dans les claviers un orchestre solaire, qui chante le moto perpetuo du final avec une allégresse contagieuse. Le document était jusque là inédit, on croit rêver, tout comme les deux Concertos de Bartók captés à Lucerne, Ferenc Fricsay ardant les éléments populaires qui tissent la trame du Deuxième, trop souvent dissimulés dans les lectures uniment bruitistes, faisant éclater l’ivresse de la coda. Magique, tout comme le sfumato impressionniste dont Ernest Ansermet entoure la scansion hungarisante qui ouvre le Troisième Concerto. Est-ce la direction naturaliste – le concert d’oiseaux du piu mosso dans l’Andante est incroyablement vert – qui inspire à ce point Anda ? Félin, capricieux dans l’Allegretto, flamboyant dans le final, il ose dans l’Adagio religioso ce très peu de son, mais concentré, comme l’essence d’une prière. Trois documents prodigieux. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Les "Historic performances" du Festival de Lucerne recèlent des trésors. Ainsi, ces trois concertos captés "live" entre 1955 (Bach avec Anda et Haskil dirigés par Karajan), 1956 (Bartók n° 2) et 1965 (Bartók n° 3). Résident en Suisse, le pianiste hongrois fut l’un des habitués du Festival de Lucerne et comme l’explique en détail le livret, il ne reste des archives de la radio Suisse, que ces trois concertos sous ses doigts. Dans Bach, les deux pianistes (Anda et Haskil) "dialoguent" au sens littéral du terme, dans le mouvement lent sans la présence de l’orchestre. L’écoute des deux chambristes est un régal tant ils portent le chant sans jamais surjouer. Fricsay dirigea régulièrement Anda dans le Concerto pour piano n° 2 de Bartók. L’entente entre les deux artistes est "chambriste" : ils s’amusent de la volatilité de l’écriture tout en traduisant le caractère à la fois scintillant et les clair-obscur du mouvement central. C’est un grand témoignage que nous découvrons. Ernest Ansermet est le partenaire du pianiste hongrois dans le Concerto pour piano n° 3. Moment émouvant car Ansermet avait dirigé, en 1938, Bartók dans ce même concerto, à Budapest. Dans la présente lecture de 1965, Anda est en pleine possession de ses moyens techniques. Il exprime toute la densité expressive et l’impulsion rythmiques de l’écriture. Magistral ! (Jean Dandrésy) Celebrating the centenary of the birth of the Hungarian pianist Géza Anda (1921–1976), issued for the first time are his surviving Lucerne concert recordings featuring works by Bach and Bartók, with musical partners including Clara Haskil, Herbert von Karajan, Ferenc Fricsay and Ernest Ansermet.
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