George Rochberg (1918-2005)
51 Caprice Variations pour violon seul

Leo Marillier, violon

En 1964, George Rochberg (1918-2005) perd son fils adolescent, malgré un combat de trois ans contre la maladie : s’ensuit une période de tristesse, de colère face au destin, six années vides de création et une remise en cause radicale de son esthétique musicale. Le sérialisme, dont il est jusque-là un inconditionnel, lui apparaît creux, incapable d’exprimer son chagrin et il se met en tête de dépasser l’ancienne modernité et de renouveler l’art de la composition. Dans ces 51 Caprice Variations, qu’interprète ici le jeune violoniste français Leo Marillier (membre titulaire du Quatuor Diotima) et que Rochberg écrit en 1970, le compositeur se saisit du 24e Caprice de Paganini (celui-là même qui, pour son matériau fondamentalement malléable, séduit Ysaÿe, Brahms ou Lutoslawki) et y injecte son désir de renouveau technique, son époque et sa propre sensibilité (encore parfois à fleur de peau) – mais aussi celle de Bach, Malher ou Varèse, qu’il titille comme on suit un maître qu’on veut en même temps dépasser. A l’écoute du disque, on est frappé par le déferlement et la diversité des humeurs, changeantes, parfois virevoltantes, qui font de la succession de ces « petits espaces musicaux » une expérience insolite. (Bernard Vincken)