 Schreker aura réussi un tour de force : faire entrer tout entier l’univers sonore de son chef d’œuvre lyrique, "Die Gezeichneten", dans l’immense Vorspiel zu einem Drama : Steven Sloane et son Bochumer Symphoniker, décidément chez eux dans les auteurs de cette Allemagne décadente, en font un vaste opéra sans voix, raffinant les alliages étranges dont Schreker à empli son orchestre évocateur : quelques échos pucciniens y passent, le Zemlinsky d’"Une Tragédie florentine" n’est pas loin, Steven Sloane soulignant tout cela presque sans y toucher, aidé par une prise de son qui en accroit encore le merveilleux. Le coté atelier ouvert des "Quatre Pièces" le passionne tout autant, autre occasion de saisir les facettes d’une œuvre où Schreker regarde vers Schoenberg dans le Timoroso avant de lui tourner le dos avec les tambours du Violente, peut-être son opus le plus ambigu et un peu ses adieux à une veine qui enfanta treize ans auparavant son chef d’œuvre d’orchestre, cette Kammersymphonie décadente, saturée de parfums, dont la sensualité lascive, les danses de cours (le Scherzo), la pastorale étrange du troisième mouvement qui se charge à mesure d’un érotisme noir, trouve ici mieux qu’une interprétation, leur absolu sonore, fermoir d’un disque majeur. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Triste destinée que celle de Franz Schreker ! Après un succès foudroyant au tournant du XX° siècle pour une série d’opéras qui lui assurèrent une célébrité supérieure à celle de Richard Strauss, le déclin arriva vite dans l’entre-deux guerres où son style luxuriant et décadent apparut démodé par rapport à l’émergence d’une modernité abrupte, avant que l’arrivée des nazis au pouvoir ne le rejette comme compositeur "dégénéré" ; il mourut déjà oublié en 1934. Pourtant aujourd’hui ses opéras retrouvent la faveur des grandes scènes lyriques. Ce deuxième CD d’une série consacré par CPO à ses pages symphoniques s’ouvre par le vaste "Prélude pour un drame", véritable poème symphonique au lyrisme débordant (1914) qui deviendra sous une forme condensée le prélude de "Die Gezeichneten", le chef d’œuvre scénique du compositeur. L’orchestration opulente place Schreker aux côtés de Korngold, Zemlinsky ou Joseph Marx parmi les représentants les plus glorieux du post-romantisme viennois. A peine postérieure (1917), la symphonie de chambre pour vingt-trois instruments s’inscrit dans ce même langage, loin de l’agressivité de l’opus 9 de Schoenberg que connaissait aussi Schreker (c’est lui qui dirigea la première des "Gurre Lieder"). Enfin les quatre courtes pièces pour grand orchestre (1931) sont issues d’esquisses envisagées pour de la musique de film. Leur lyrisme n’est pas éloigné de certaines pages du grand contemporain Franz Schmidt. Steven Sloane à qui l’on doit une superbe série dédiée à Joseph Marx avec le même orchestre de Bochum est un guide particulièrement éclairé dans les méandres de ces œuvres complexes. (Richard Wander)  Following the first volume in this series, which charted Franz Schreker’s developmental path up to the success of his dance-pantomime Der Geburtstag der Infantin (The Birthday of the Infanta; 777 702-2), this second album focuses primarily on the triumphant years that followed the premiere of his opera Der ferne Klang (The Distant Sound) in 1912. The Vorspiel zu einem Drama (Prelude to a Drama) from 1914 and the Chamber Symphony, composed in 1916, are among the gems of musical Jugendstil (Art Nouveau). Originating as offshoots of contemporary stage projects, these two captivating works display a mastery of sound, harmony, and melody that was unparalleled at the time. The Four Small Pieces for Large Orchestra (1931), which separate these older "siblings" on this recording, speak in a new language. These abstract contributions to film music, presented as a compact and multifaceted concert suite, hint at powerful new directions – plans that, sadly, Franz Schreker could never fully realize.

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