De Gennaro d’Alessandro, hormis la notice fouillée de Giovanni Tribuzio accompagnant le CD et l’article de la Biographie universelle des musiciens de Fétis, on ne sait et connaît que peu de choses. D’où l’intérêt d’une exhumation — si les œuvres et l’interprétation la justifient — à valeur de potentielle résurrection. D’Alessandro, né à Naples en 1717 et décédé en cette même ville en 1778, fut l’élève de Leonardo Leo (1694-1744) avant de devenir à Venise maître de chœur de l’Ospedale della Pietà. Familier des intimes du Président de Brosses qui venait fréquemment à l’Ospedale, D’Alessandro devint en 1740, à Dijon, professeur personnel de clavecin de Loppin de Montmort, conseiller du parlement de Bourgogne. Loué en tant que virtuose, D’Alessandro suscita la jalousie de Rameau et devint vite un familier des salons parisiens. Après un échec de reconnaissance à Londres, où il était appelé le "nouvel Haendel", D’Alessandro revint à Naples. Sur un livret de Salvi, il ne composa qu’un seul opéra, "Adelaide" (1739), dont les tribulations de la gestation sont intelligemment détaillées dans le livret. Après une collaboration avec Goldoni, "Adelaide" devint bientôt "Ottone", tout à la gloire récente de Frederick-Christian de Saxe… En dépit de piètres chanteurs, mais grâce à de merveilleux ballets, l’opéra fut un succès, dont quelques airs de bravoure furent d’ailleurs pillés sans vergogne par les contemporains. Ce sont ces airs originaux et ces filouteries opératiques que nous permet d’apprécier cet enregistrement. Musique plaisante, souvent brillante, airs de grande virtuosité auxquels Francesco Divito, soprano maschile, sopraniste naturel, rend toute justice dans les limites de ses moyens. Accompagnement soigné du Benedetto Marcello Baroque Ensemble sous la direction d’Ettore Maria Del Romano. Bref, l’exhumation réussie d’un compositeur et d’une œuvre dont les péripéties de l’existence feront le bonheur des auditeurs historiens. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) This recording production rebuilds the complex events of a composition by Gennaro D'Alessandro (Neapolitan musician, pupil of Leonardo Leo) believed to be hopelessly lost after the bombing in Dresden during the Second World War: the “Ottone", opera on the libretto by Antonio Salvi accommodated by Carlo Goldoni. The opera was performed for the first time at the Grimani of S. Giovanni Grisostomo Theatre in Venice in the carnival season from December 26, 1739 to January 31, 1740 in the presence of Frederick Christian Leopold. In 2019 the musicologist Giovanni Tribuzio could finally reconstruct the Ottone thanks to several sources and witnesses. A score from the Biblioteca Estense Universitaria in Modena, partially hands down the work by Gennaro D'Alessandro (including the recitatives and ten arias). This new version was, in fact, represented with great success as "Adelaide/Adelaide, Queen of Italy" in 1744 in Prague, Leipzig and Hamburg. To this highly significant finding we have to add the discovery of a precious nucleus of arias, from the private library of composer Everett Burton Helm (now at the Lilly Library in Bloomington and the National Library of Australia in Canberra).
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