 À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de Franz Schmidt, Elisabeth Ullmann enregistrait en public cet hommage qui lui est entièrement consacré. Il fut tôt initié par sa mère au piano, mais avouera qu’il dédaignait alors cet instrument : "Je ne m’en servais que pour imiter l’orgue [qui est] la révélation de la musique la plus extraordinaire et la plus parfaite"». Même si la quasi-totalité de sa production pour les tuyaux fut créée au Wiener Musikverein, ce grand symphoniste dédaignait les prétentions de l’orgue orchestral et ses innovations modernes. Imprégnaient plutôt son idéal les franches sonorités de la facture héritée du classicisme, qu’il admira sur le Klöckner du couvent des Franciscains de Pressburg. Avec ses 61 jeux, son opulence typique du romantisme tardif, le Walcker de la Votivkirche de Vienne sert ici les partitions avec chaleur mais clarté. Malgré son précoce engouement pour l’orgue, ce n’est qu’en 1916 que Schmidt lui consacra un premier opus, dérivé de son opéra "Fredigundis", avérant son goût pour les vastes formes. À l’autre bout du corpus (1934), le "Prélude et Fugue en la majeur" répond au contexte de la Nativité par une sorte de Pastorale. Le radieux diptyque en sol majeur peut se considérer comme un scherzo au sein d’une sonate. Conclus dans la majesté du plenum, les "Vier kleine Choralvorspiele" renvoient à l’univers liturgique luthérien. Qui brigue une intégrale de cet imposant Orgelwerk pourra se fier à Martin Schmeding à Brême (Ars) ou au tout jeune Andreas Juffinger (Capriccio) capté en octobre 1988 à la Christuskirche de Berlin. Même si en complément de cet album de 57 minutes l’on appréciât d’entendre la virtuose "Toccata en do majeur", Elisabeth Ullmann signait ce 28 août 1989 une anthologie magnifiquement interprétée. Ses justes et séduisantes registrations, ses tempos qui tendent le canevas polyphonique, ses facultés d’animation qui parlent d’évidence, sa lucidité structurelle reflètent une constante inspiration. Quelle flamme ! Pour un live, chapeau bas ! (Christophe Steyne)  Peu attiré par le piano, Franz Schmidt laisse en revanche un vaste corpus pour l’orgue, que dominent deux partitions majeures, sa vaste chaconne (1925) qu’il orchestrera par la suite et ses variations et fugue sur les fanfares royales de son opéra "Fredigundis" écrites en 1916. Ces dernières montrent sa formidable maîtrise de l’instrument à clavier, son génie de la variation et se situent dans la lignée de sa magnifique 2° symphonie, de quelques années antérieures. L’organiste autrichienne Elisabeth Ullmann dans cet enregistrement capté en concert en 1989 sur l’orgue de l’église votive de Vienne, un Walcker de 1878 que connut Bruckner lui-même, rend superbement justice à cette page grandiose dont il existe une version avec cuivres. En complément, deux préludes et fugue ainsi que quatre préludes de choral témoignent de l’art de Schmidt dans de courtes pièces d’une parfaite clarté, reflet de son écriture néo-classique. Une superbe occasion de redécouvrir l’œuvre pour orgue d’un immense compositeur encore trop peu connu chez nous. Reste à espérer que Gramola va entreprendre pour Schmidt le même travail d’exploration qu’il a su faire pour son maître Bruckner, et saura nous donner les autres pièces de ce corpus organistique remarquable. (Richard Wander)  The instrument was made by Eberhard Friedrich Walcker & Co. from Ludwigsburg in Württemberg and was completed in 1878 as Op. 306; the organ was accepted in the presence of Anton Bruckner. Franz Schmidt had already composed several large-scale organ works in the early 1920s, which were followed by smaller works such as “Vier kleine Präludien und Fugen”. The Prelude No. 3 in G major develops in a calm, cheerful march movement, the trio with solo cantilena is followed by the first part da capo. The three-part fugue with obbligato pedal is reminiscent of Johann Sebastian Bach’s technically demanding “Sonatas for two pianos and pedal” BWV 525–530. Variations and Fugue on an Original Theme (Royal Fanfares from Fredigundis) is Franz Schmidt’s first solo organ work. The cycle Vier kleine Choralvorspiele on melodies of common Lutheran Sacred Songs was published in 1926. Prelude and Fugue in A major was written in 1934 as the penultimate of his works for solo organ.
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