 Luigi Hughes (1836-1913), d’ascendance française par son père marchand de textile, est né dans le Piedmont de Casale Monferrato, et démontre avec brio qu’il est possible de conjuguer dans sa vie deux domaines d’excellence a priori éloignés : géographe, professeur à l’Université de Turin de 1897 à 1912, mais également pianiste, flûtiste, émule italien des ukrainiens frères Doppler, compositeur, didacticien de son instrument, et honoré par le Conservatoire Cherubini de Florence. Hughes finit cependant par sombrer dans l’oubli. On saluera donc avec un intérêt particulier cet enregistrement, le premier entièrement consacré à Hughes, qui permet de connaître plusieurs aspects du compositeur et du flûtiste puisque toutes les œuvres présentées ici le sont en première mondiale, avec le souci de faire entendre les sonorités d’époque produites par une flûte Couesnon à huit clefs des années 1880 et un grand Piano Pleyel de 1890. L’auditeur sera certainement un peu dépaysé par le timbre d’un flûte diatonique encore proche de la flûte traversière baroque, avec ses huit clefs mécaniques et six trous pour les doigts, et par les sons d’un piano à la structure harmonique exceptionnelle bien que l’utilisation originelle de lames en ivoire en remplacement de certains ressort lui rende délicates les notes redoublées. Paolo Dalmoro et Maurizio Fornero tirent le meilleur profit de ces particularités. La musique de Hughes y gagne un charme indéniable, sans doute léger, mais très séduisant. Flûtistes et amateurs de l’instrument apprécieront sans réserve les quatre brèves Sonates enregistrées : Fantastique op. 100, Romantique op. 57, en Fa op. 95 et sans titre en Ut majeur op. 119, ainsi que les pièces de caractère qui les accompagnent. Décriées parfois comme superficielles et simplement virtuoses ces œuvres de Louis Hughes trouvent ici des avocats parfaitement convaincants de leurs qualités. Et Tactus de nous entraîner vers d’intéressantes découvertes. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Among the most interesting personalities needing to be rediscovered in the musical world of late-nineteenthcentury Italy, a very distinctive one is undoubtedly the Piedmontese composer Pietro Eugenio Luigi Hugues (Casale Monferrato, 27 October 1836 – 5 March 1913). The available information about Hugues is no longer as scanty as it used to be. Thanks to the data obtained by archive researches, Hugues has been revealed as an unexpected figure: he was not only a renowned flutist, organist and composer, but also an important geographer, a university professor, and one of the main supporters of the study of geography in Italian schools. His life shows surprising similarities with that of a contemporary of his, the flutist-composer-chemist Aleksandr Borodin (1833-1887). So this recording is quite precious. In the first place, because of its monographic character (it is the first disc entirely devoted to Luigi Hugues); secondly, for the exclusive performance of original works such as Sonata in C major op. 119, Studio da Concerto in D minor op. 3, Sonata Romantica op. 57, Capriccio “Le Silfidi” op. 29 no. 2, Sonata Fantastica op. 100, “Dans le Bois” op. 67 and, lastly, Sonata in Fa Op. 95: a masterly selection among the best original works of Hugues’s vast production of flute pieces (which is even more vast after the recent discoveries). These works are essential for understanding the deep soul, the truest nature of this composer.

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