Ludwig van Beethoven (1770-1827)
The Creatures of Prometheus, op. 43

Modest Moussorgski (1839-81)
A Night on the Bare Mountain

Serge Prokofiev (1891-1953)
Romeo and Juliet
Suite n° 1, op. 64a

Arnold Schoenberg (1874-1951)
A Survivor from Warsaw, op. 46

Igor Stravinski (1882-1971)
The Firebird Suite

Maximilian Schell, speaker
Jeunesse-Chor Wien
European Community Youth Orchestra
Gustav Mahler Youth Orchestra
Claudio Abbado

Son orchestre de cœur ? Certainement, c’est à son intention, et essentiellement de son fait que l’Orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne fut formé. Projet pédagogique parmi certains autres que Claudio Abbado prit soin d’initier au long de son parcours. Leur venue au Festival de Salzbourg pour l’édition 1979 fit l’effet d’une petite bombe : si alerte, si parfaitement en place, colorée par un certain giocoso « L’Ouverture de Prométhée » ne préparait pas au choc d’ « Un survivant de Varsovie » : Maximilian Schell inspire les jeunes instrumentistes autant que Claudio Abbado, le tranchant des attaques, les fulgurances terrifiantes, l’opus de Schoenberg aura trouvé ce jour-là un de ses plus percutante transcription. Pour les cinq contes de la « Suite 1919 » tirée de « L’Oiseau de feu », Abbado fait entendre toute une palette de nuances qui montre le fini d’un travail de répétition probablement implacable ; des contes vraiment, n’ayant plus aucun lien avec le ballet, Kachtchei semble jaillir d’un livre d’images, l’hypnose de la Berceuse sonne comme un récit entre songe et réalité, les attaques et les phrasés produisent une narration qui se poursuivra dans le bis de la soirée : une visionnaire « Mort de Tybald ». L’éditeur ajoute le fragment d’un concert plus tardif (1994), avec un autre orchestre de jeunes, le Gustav Mahler Jugendorchester. Claudio Abbado reprenait la version originale d’ « Une nuit sur le mont chauve » qu’il avait imposé au disque. Intéressant, mais le feu du concert, et l’abrupt de l’orchestre de Moussorgski déstabilisent un brin les jeunes pupitres, ici il vaut mieux retourner au studio des gravures RCA et Deutsche Grammophon. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Premier chef en 1976, de l’Orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne, Claudio Abbado entreprit un travail formidable avant de fonder lui-même l’Orchestre des Jeunes Gustav Mahler en 1986. A l’exception de l’œuvre de Moussorgski, les pièces gravées avec l’OJCE le furent en 1979 lors du festival de Salzbourg. Ce fut une fantastique vitrine pour un orchestre qui débuta le concert avec l’Ouverture des "Créatures de Prométhée". Les bases sont bien posées, les vents respirent avec beaucoup de saveur. Du bel ouvrage. Un "Survivant de Varsovie" est porté par la voix magnifiquement engagée de l’acteur Maximilian Schell. Il fusionne parfaitement avec les couleurs chambristes et mordorées de l’orchestration de Schoenberg. La suite n° 2 de "L’Oiseau de feu" est plus "scolaire", trop attentive à la mise en place. Il est vrai que la version en 1975 d’Abbado avec le Symphonique de Londres reste dans les mémoires. Il en va de même de la "Mort de Tybalt" extrait de "Roméo et Juliette" de Prokofiev dont la comparaison avec le même orchestre londonien n’est pas en faveur de l’orchestre des jeunes, bien trop "vert" pour cette musique. On sera plus sévère encore avec la version originale d’"Une Nuit sur le Mont chauve" (Nuit de la Saint-Jean) qu’Abbado fut le premier à graver dans la version antérieure à l’orchestration de Rimski-Korsakov. Le Gustav Mahler Jugendorchester manque de métier pour souligner la rudesse barbare de la partition. Un album assez anecdotique en regard de l’immense legs discographique du chef italien. (Jean Dandrésy)