Benjamin Britten (1913-1976)
Suite pour violoncelle seul n° 1, op. 72
Suite pour violoncelle seul n° 2, op. 80
Suite pour violoncelle seul n° 3, op. 87

Daniel Müller-Schott, violoncelle

Ecrites pour Mstislav Rostropovitch, les Suites de Britten auront fasciné les violoncellistes de la jeune génération. L’auteur de Peter Grimes eut-il conscience, les écrivant dans le recueillement vespéral de son cottage d’Aldeburgh qu’elles deviendraient le bréviaire d’une génération ? Ce qu’elles furent d’abord, et consciemment autant dans l’esprit du compositeur que dans celui du destinataire, était un « concert des époques mêlées », Bach et les gambistes français pur modèle se mariant à la renaissance de l’instrument au XXe Siècle. Le projet d’écrire six Suites sera fatalement réduit à trois par la camarde. Ces styles juxtaposés, Daniel Müller-Schott les unis dans un discours cohérent malgré les quasi-citations de Chostakovitch (la Serenata de l’opus 72), de Stravinski, de Bridge, et s’ingénie à faire entendre les procédés d’imitation (de cor, de trompette, de tambour) qui forment la langue si poétique, souvent sombre, qui ira toujours plus avant vers le noir absolu. Sa lecture spectrale de la 3e Suite est probablement sans égal, double tombeau, celui des illusions perdues du violoncelliste, déchu de sa nationalité, et celui d’un Britten au bord de la tombe. Ecoutez comment Daniel Müller-Schott prie ce requiem profane. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)