Le programme est rare, il ne contient, à une exception près, la Passacaglia d’Halvorsen, page brillante mais qui tire à la ligne, que des opus majeurs. Secret de la réussite de l’album, opposer ou marier deux instrumentistes au sommet de leur art. Plus !, la sonorité ailée, fugace, du violon de Julia Fischer se transcende au feu du violoncelle subtil, élancé, de Daniel Müller-Schott. Emblème du disque, la Sonate de Ravel, son opus le plus moderniste, joué avec une finesse inouïe, des jeux de timbre de l’Allegro, à la marche un peu Stravinski du Vif, en passant par l’étourdissante volée de pizzicatos du Très vif (pris à la mesure que voulait Ravel, fait assez rare pour être souligné), au morne un peu madécasse du Lent. Mais il ne faudra pas négliger la Sonate de Kodaly, opus majeur de sa jeunesse, que les deux amis emplissent de paysages, ou l’iconoclaste Duo de Schulhoff, ses musiques juives à peine masquées, sa Zingaresca persifleuse où passe le souvenir de Bartók, son Andantino nostalgique, les chants parallèles puis les archets croisés de l’étonnant Moderato conclusif. Album parfait, indispensable à toute discothèque du XX(I)e Siècle. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)
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