Josef Bohuslav Foerster (1859-1951)
Trio pour piano n° 1 en fa mineur, op. 8 "A Monsieur Edvard Grieg"
Trio pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 38
Trio pour piano n° 3 en la mineur, op. 105 "To my dear friend Dr. Frantisek Volf"

Trio Janacek

Jiri Pospichal, violon
Marek Novak, violoncelle
Marketa Janackova, piano

La musique de chambre fut le paradis de Josef Bohuslav Foster, cinq Quatuors et trois Trios auront couru au long de sa vie ; même s’il ne faut pas négliger cette merveille qu’est "Eva", ou les quatre Symphonies, c’est dans l’intime qu’il aura révélé toute sa poétique. Son premier Trio, datant de son temps d’étude, est déjà une merveille d’invention, d’une conduction narrative qui ne laisse guère voir d’influences. Cette musique dit tant qu’elle ne s’inféode ni à l’emprise allemande, ni au génie si omniprésent de Dvorak. Déjà Foerster chante dans son arbre et tout ici est touchant, jusque qu’au saisissant Adagio. Solaire, éclaboussant de rythmes, le Deuxième Trio en remontrerait au Dumky de Dvorak, si inventif, gorgé de mélodies et émancipant le violon, merveille. Ecrit en Allemagne , où il allait résider une décennie, serait-il une échappée belle dans une Bohème imaginaire ? Comme lui le Troisième Trio adopte la forme en trois mouvements, mais son écriture est plus complexe, ses mélodies plus heurtées, l’emprise pianistique certaine. Foerster venait de retrouver Prague en cette année 1922 et il ramenait dans ses bagages les partitions des trublions de l’Ecole de Vienne, cela s’entend parfois, d’autant que Marketa Janackova et ses amis ardent ses harmonies singulières. Serait-ce le chef d’œuvre de son auteur ? J’en prends en tous cas la pleine mesure tant les propositions du Trio Janacek sont éclairantes, éclipsant sans difficultés l’ancienne gravure historique jadis au catalogue de Supraphon. Ici l’alliance de grâce expressive et de puissance émotionnelle de ces trois opus se réalise enfin. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)