 Le basson passe généralement, au sein des bois à double anches, pour être le bouffon de la cour. Bien fagotté, il est toutefois doté d’une invraisemblable capacité à se faire entendre dans différents registres. Il peut grogner, simuler le grand père bougon de "Pierre et le Loup", entonner un air imposant dans le grave et, l'instant d'après, chanter à des hauteurs vertigineuses, comme dans le "Concerto a fagotto principale" de Rossini (1845-48), le"Solo de Concert" op. 35 de Gabriel Pierné (1898) ou les "Variations sur des thèmes d’opéras" composées par Žilvinas Smalys (1980-). Par les œuvres proposées ici le présent enregistrement offre une belle occasion de mettre en valeur toutes les facettes expressives et virtuoses de cet instrument. On connaît la fluidité du vocalisme que Weber (1786-1826) intègre à tous les instruments à vent qu’il a traités (clarinette, flûte), ce sont ces caractéristiques que l’on retrouve dans son "Concerto", op. 75 et dans le plus célèbre" Andante e Rondo Ungarese", op. 35. Bernhard Henrik Crusell (1775-1838), clarinettiste et compositeur finlando-suédois, est représenté par une œuvre de 1829 au brillant caractère dramatique, qui, justement, dans son Andante central emprunte un air du "Nouveau Seigneur du Village" de Boieldieu (1813) sur lequel sont brodées de lyriques variations. Le compositeur norvégien contemporain Olav Berg (1949-) a dédié à Dag Jensen son concerto pour basson (2022) en un seul mouvement, œuvre composite non dénuée d’intérêt par sa riche orchestration, mais qui contraste évidemment fortement dans le contexte précédent. Soliste et Kammerakademie Potsdam, avec Gregor Bühl comme chef d’orchestre dans la partition de Berg, affirment ici leur très grande qualité. À découvrir avec curiosité. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  The bassoon is generally regarded as the court jester among the sound-makers. It can cluck, reluctantly snarl or strike up a bassy aria in the lowest basement and in the next moment crow at breathtaking heights. Its lyricism is enchanting, and it can sing as a serious narrator of poignant stories. Dag Jensen presents the bassoon in all its many moods and characters. Two early Romantic classics from Germany and Finland fit well to the work of Norwegian composer Olav Berg (*1949), who wrote his new opus expressly for this recording – just as Carl Maria von Weber and Bernhard Henrik Crusell once wrote their concertos, because the virtuosos who wanted to take their pieces with them on tour were already waiting with packed bags. There is of course no trace of this felt on these recordings, but what we can see from beginning to end is a common use of staging where the protagonist can pull out all the stops – at times comical, melancholic, gregarious or in lonely contemplation...
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