Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Ouverture "Coriolan", op. 62
Concerto pour piano n° 3 en sol majeur, op. 58
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, op. 55 "Eroica'
Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92

Wilhelm Backhaus, piano
Wiener Philharmoniker
Hans Knappertsbusch, direction

Disparu en 1965, Knappertsbusch ne bénéficia guère de l’ère stéréophonique et nous ne disposons que de peu d’enregistrements en studio, lesquels apparaissent parfois de qualité inférieure au concerts et opéras captés en “live” ! Légende de la direction d’orchestre, le chef allemand fut un musicien hors-normes, refusant tout diktat et surtout pas du public dont il n’attend pas la fin des applaudissements dans les deux symphonies de Beethoven pour donner le départ du Philharmonique de Vienne. « Imprévisible » serait le terme qui caractériserait ses interprétations captées par la Radio autrichienne, toutes le même jour, le 17 janvier 1954 dans la grande salle du Musikverein. Le philharmonique de Vienne apparait parfois désarçonné par cette dimension “imprévisible” et narrative. Charme, panache, théâtralisation de l’écriture beethovénienne… L’art de la direction de « Kna » mettait en lumière la grandeur d’une histoire. De fait, les décalages sont perceptibles, les accords des pupitres parfois incertains. En revanche, l’émotion jaillit de “tunnels sonores”. L’approche musicale de Knappertsbusch n’a rien de musicologique. Sa direction a hérité de l'expressivité monumentale en vogue à la fin du 19e siècle. Le grand moment de cette édition est assurément le dialogue entre Backhaus et Knappertsbusch. L’art du chant combiné entre ces deux “monuments” de l’interprétation beethovénienne mérite d’être entendu. Le piano chaleureux, lumineux et sans aucun alanguissement de Backhaus ravi. Il joue avec autant de flegme que de poésie, s’accordant du rubato des cordes viennoises et de leurs étonnants ralentendos. Un concert auquel tout mélomane aurait aimé assister. (Jean Dandrésy)