Bedrich Smetana (1824-1884)
Ma Patrie
Poème symphonique, op. 11 "Richard III"
Poème symphonique, op. 14 "Le camp de Wallenstein"
Poème symphonique, op. 16 "Hakon Jarl"
Ouverture "La Fiancée vendue"
Ouverture "Docteur Faust"
Trois danses, extraits de "La Fiancée vendue"
Polka "Venkovanka"
Polka "Nasim Devan"
Symphonie festive en mi majeur, op. 6
Ouverture festive en do majeur
Ouverture festive en ré majeur, op. 4
Introduction et polonaise "Le Carnaval de Prague"
Marche de la garde nationale
Marche pour le Shakespeare Festival, op. 20
Quatuor à cordes n° 1 en mi mineur "De ma vie"
Quatuor à cordes n° 2 en ré mineur
Trio pour piano en sol mineur, op. 15
Feuilles d'album, op. 2
Pièces de caractère, op. 3
Esquisses,op. 4
Esquisses, op. 5
Feuilles d'album
Danses tchèques, JB 1:107
Danses tchèques, JB 1:114
La Fiancée vendue, opéra en 3 actes (version allemande)

Roberto Plano, piano
Antonin Kubalek, piano
Joachim Trio
Stamitz Quartet
Janacek Philharmonic Orchestra
Theodore Kuchar, direction

Günther Leib, baryton (Kruschina)
Annelies Burmeister, alto (Kathinka)
Anny Schlemm, soprano (Marie)
Fred Teschler, basse (Micha)
Ruth Lange, alto (Agner)
Harald Neukirch, ténor (Wensel)
Rolf Apreck, ténor (Hans)
Theo Adam, basse (Kezal)
Eleonore elstermann, soprano (Esmeralda)
Chor der Staatskapelle Dresden
Staatskapelle Dresden
Otmar Suitner, direction
(La Fiancée vendue)

Comme à son habitude Brillant Classics propose ici comme un panorama des œuvres les plus connues du père de la musique nationale tchèque, Bedrich Smetana (1824-1884). On regrettera toutefois que, des huit opéras achevés qu’il a composés entre 1862 et 1882, le label n’ait retenu — sans doute pour de raisons de droits sur les enregistrements — que "La Fiancée vendue"(1866). Cette réserve initiale émise, à laquelle il faut ajouter la minceur de la représentation de son œuvre pour piano, il faut toutefois se réjouir de disposer d’un tel coffret pour apprécier les diverses facettes d’un créateur qui voulait ardemment faire entendre la voix d’une nouvelle nation et qui se définissait comme un "Liszt pour la technique et un Mozart pour la composition". Difficilement reçu à l’origine en sa Bohème natale, malgré le soutien de Liszt, Smetana dut s’exiler en Suède de 1856 à 1860, puis, de retour, connut une existence personnelle marquée de multiples drames, mais sa foi en l’Art, sa confiance en la valeur de l’âme tchèque lui permirent de dépasser ces infortunes successives, même si le cours de sa vie et sa fin font en quelque sorte de lui un ménechme de Beethoven et de Schumann. Le présent coffret permet d’en juger à travers une intégrale en trois CDs de ses œuvres orchestrales, d’un CD dévolu à ses deux Quatuors et à son Trio de jeunesse, d’un CD consacré à quelques-unes seulement de ses nombreuses séries pianistiques, à l’exception d’un autre CD donnant à entendre l’intégrale des deux livres de Dances tchèques, et enfin de "La Fiancée vendue". Plus en détail, "Ma Patrie" et ses six volets dont la célèbre "Moldau", les poèmes symphoniques (Le Camp de Wallenstein, Hakon Jarl, Richard III), ainsi que la Symphonie triomphale de 1854, et diverses autres plus petites pièces, bénéficient de la puissante direction idiomatique de Theodore Kuchar à la tête du Janácek Philharmonic Orchestra d’Ostrava. Par leur expressivité, les couleurs de leurs timbres, ces interprétations s’installent aisément parmi les meilleures disponibles. C’est au Stamitz Quartet, avec son remarquable premier violon Bohuslav Matoušek, que revient une interprétation passionnée du premier quatuor : "De ma vie" (1876), et du second (1883), conçu par un compositeur sourd dans les affres de la folie et de la mort qui rodent. Le Trio, op. 15 de 1855, écrit sous le coup du décès précoce de Bedriška, sa première fille, est confié au Joachim Trio dont on admirera la cohésion engagée autour de l’excellent pianiste qu’est John Lenehan. Des neuf séries d’œuvres pour le piano, Roberto Plano extrait judicieusement 33 petites pièces négligées, mais interprétées ici avec goût et intelligence. Les deux livres de "Danses tchèques" dont se charge Antonin Kubálek (1935-2011), avec peut-être légèrement moins de panache, soutiennent la comparaison avec les enregistrements légendaires de Jan Novotný (1935-2017), ou de Rudolf Firkušný (1912-1994). Toutefois, on regrettera évidemment de ne pas voir figurer la série des Polkas, jadis si bien illustrées par Walter Klien (1928-1991) et, plus près de nous par Sir András Schiff ou Petr Jiríkovský, ces danses populaires qui furent pour Smetana ce que les polonaises et mazurkas étaient pour Chopin. Enfin "La fiancée vendue", dans un enregistrement ancien (1962) qui n’a rien perdu de son éclat, sous la direction vivante à Dresde d’Otmar Suitner (1922-2010), permet de retrouver les voix d’Annelies Burmeister, Theo Adam, Anny Schlemm, Harald Neukirch, souvenirs d’une brillante époque révolue de l’opéra en RDA. Pour se rédimer de ces minimes réserves, l’auditeur averti aura heureusement à sa disposition l’excellent livret rédigé par un des meilleurs connaisseurs de l’œuvre de Smetana : Peter Quantrill. Bref, une opportunité très bienvenue de s’immerger dans l’œuvre d’un compositeur dont l’existence ne fut qu’une longue suite de combats. Un coffret de grand intérêt. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

The most complete collection available of music by the father of Czech nationalism in music. Má Vlast, The Bartered Bride and the String Quartet ‘From My Life’: all written within a decade of each other, all so fundamental in their different genres in forming a Czech national identity in music that it can seem incredible they were the work of a single composer. Yet this was the task that Bedrich Smetana (1824-1884) had set himself from early on – not only to become ‘a Liszt in technique and a Mozart in composition’ but the voice of a new nation. Given the obstacles he faced, his success in realising this ambition is all the more impressive. To begin with he had to overcome his father’s antipathy to his chosen destiny as a composer; then the vicissitudes of poverty, and then, at the height of his powers and renown, a succession of personal tragedies which left him deaf and mentally unstable; he died in reduced circumstances, living with his daughter, and it took the following generation of Czech composers to rehabilitate the hero who had lived in their midst. To begin with, Smetana won a reputation as the life and soul of the party thanks not least to the kind of piano miniatures which were published as his earliest surviving works. He sent one set to Liszt, who replied with characteristic generosity, and the elder composer’s example, encouragement and friendship all became crucial to Smetana as he spread his wings. Large-scale orchestral works soon followed in his late 20s, such as the powerful if rambling Festive Symphony – here performed complete, a rarity in itself – and the G minor Piano Trio, written as an outpouring of grief at the death of his daughter Bedriška, and a powerful foreshadowing of later masterpieces. Finding recognition in his homeland hard to come by, he moved to Sweden, and it was only on his permanent return home in the early 1860s that The Bartered Bride and then Má Vlast took shape, each through a complex genesis outlined by a new booklet essay and appreciation of the composer by Peter Quantrill. In their final forms they were acclaimed as the work of someone worthy to be hailed as a ‘Czech Beethoven’, for their heroic style, their mastery of old forms with a distinctively Czech twist, and their celebration of the nation’s history and sense of itself.