Ce n'est pas parce que la pratique de la transposition d'une œuvre d'un instrument à un autre était répandue à l'époque dite "baroque", et que nombre de compositeurs en usaient dont en tout premier lieu Johann Sebastian Bach, qu'on peut s'autoriser n'importe quoi. Et il conviendrait d'ailleurs de se souvenir que ce dernier, si l'on en juge par les expertises qu'il rendait sur certains instruments - notamment des orgues, fut ce qu'on appelle aujourd'hui un "acousticien" de premier plan. Si l l'on "touche" l'orgue à peu près comme on "touche" le clavecin, le son produit par les deux instruments diffère à tous égards. Et à l'écoute de ce CD on se demande bien, malgré tous les arguments invoqués dans le livret d'accompagnement, ce qui a pu pousser les interprètes — qui ne sont pourtant pas les premiers venus — à substituer un orgue au clavecin dans ces sonates. Tout équilibre est anéanti. C'est lourd, poussif, en particulier dans les mouvements lents. Laborieux, criard, d'une solennité ampoulée. Compassé et de mauvais goût dans les fins de mouvement. Et les registrations choisies par l'organiste aggravent encore les choses. On passe du matraquage à la bouillie. C’est parfois laid à hurler quand, dans une phrase, la viole de gambe jusque-là noyée dans un galimatias indistinct arrive à ressortir la tête de l'eau pour ne pas se noyer. À oublier absolument. (Bertrand Abraham) Patxi Montero and Daniele Boccaccio have already recorded for Brilliant Classics the three sonatas composed by J.S. Bach around 1720, when the viola da gamba was already an archaic instrument, superseded by string bass variants such as the cello and double-bass, for their greater volume, projection and reliable tuning. However, the gamba’s multiple strings and barrelled sound-box gave it a unique, speaking quality that continued to fascinate composers; long after its high noon as part of a viol consort in 17th-century chamber music, Bach wrote not only these sonatas for the instrument but obbligato parts in various cantatas and at the expressive cruxpoints of his John and Matthew- Passions. The earlier recording by Montero and Boccaccio is available within the latest version of the Complete Bach Edition; for this new recording, however, the accompanying instrument is not the usual harpsichord but a chamber organ, in the church of S. Antonio Abate, Padova, Italy. Such an experiment in pairing the softly spoken timbre of the gamba with a sustained keyboard instrument has been undertaken before in this music, in a recording with accordion, but not with an organ. ‘The result we obtained while recording these sonatas was truly amazing,’ remark Montero and Boccaccio. ‘We tried to merge the organ’s own colours with the characteristic sound of the viola da gamba, changing the stops settings according to the styles of the movements. Dissonances came out in a more obvious way, and this greatly affected our tempo choices. The church’s acoustics and the exuberance of the organ’s sound led us to create a more concrete and well-supported sound.’
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