 Tiens, dès le Nocturne en si bémol je m’étonne : voila un pianiste qui, chez Chopin, ne craint pas le rubato, que tant d’autres refusent ces dernières années, rangés sous la bannière de « jouons Chopin propre » : entendez droit. Mais venu d’ailleurs et d’un ailleurs où l’on sait Chopin libre, et inspirateur de Scriabine et de bien d’autres, où l’on sait que dans ce piano le timbre est la respiration, et le phrasé celui d’une voix qui ignore les marteaux, Evgeni Koroliov ouvre la boite à sortilèges. Il avait bien eu, et même chez de plus jeune que lui, des prédécesseurs : Iddo Bar-Shaï, inexplicablement absent au disque, avait offert un plein album de Mazurkas d’une liberté qui s’autorisait toutes les fantaisies avec le vrai bonheur qui ne peut être que nostalgique, et avant lui Jean-Marc Luisada avait préféré l’émotion à la rigueur. On ne fait respirer la poétique de Chopin qu’à coup de libertés, à celles-ci Evgeni Koroliov ajoute ses phrasés nostalgiques, ses couleurs diaprés, sa pédale qui est comme le souffle de la voix qui emmène loin les échos harmoniques lunaires des Nocturnes, les danseurs imaginaires des Mazurkas (qui sont des idées de danseurs, comme les valseurs, croqués dans les notes qui se perlent au bord d’un ternaire esquissé). Et ce piano magnifique est capté avec une telle perfection ! Soudain tout un monde renait, dans ce disque émouvant comme des chapitres éparses de Proust. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  In a sense, this new recording from Evgeni Koroliov, of pieces by Frédéric Chopin that he played in his youth, continues on from his last one (Intermezzi by Johannes Brahms TACET 256). Contemplative, intimate music that reaches out calmly and fondly to the listener, allowing him/her to breathe deeply, forgetting the concerns and worries of the world outside.
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