Les trois Sonates pour cet instrument que Bach, destinant ses Suites au tout jeune violoncelle, ne considérait pas pour obsolète la viole de gambe, héros du Grand Siècle français dont il goutait tant les compositeurs, sont les chefs d’œuvre intime les plus touchant coulés de cette plume intarissable. Andrea de Carlo et Luca Guglielmi les paysagent, le second touchant le clavecin (le sublime Michael Mietke du château de Charlottenbourg), un orgue signé Gottfried Silbermann, où pour la Sonate en sol majeur un piano forte du même facteur, ensemble plaçant entre chaque Sonate Introitus et Postludium, ou au seul clavier, clavecin puis orgue, deux Préludes. Le dialogue entre la viole si chantante d’Andrea de Carlo (superbe copie d’une Pellegrino Michel signée Sergio Marcello Gregorat Sacroffani) et son claviériste est plus épanouie face au clavecin pour la Sonate en ré majeur, si sereinement déployée, qu’avec l’orgue choisi pour la Sonate en sol mineur, comme si une distance les dépareillait parfois, surtout lorsque leurs lignes sont parallèles. Le mariage avec le pianoforte est savoureux. Comme il nous change le visage sonore de la Sonate en sol majeur ! Soudain plus intime encore, quasiment de la musique « domestique », perle d’un disque attachant que tout amoureux des trois opus ne voudra pas laisser de côté. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Ecrites sans doute dans la dernière décennie de sa vie, les trois sonates pour viole de gambe et clavecin de Bach sortent du cadre de la sonate à trois, car la grande tessiture de la viole de gambe lui permet de combiner contrepoint chantant et voix de basse. Elles sont très exigeantes pour la viole. Bach n'a pas cherché à imiter le style français de cet instrument. A ces trois sonates, Andrea De Carlo (viole de gambe) et Luca Guglielmi (clavecin, orgue, piano) ont adjoint dans cet album d'autres transcriptions. D'excellents morceaux, certes, mais on peine à comprendre la logique de ces choix, et la notice est muette à ce propos. Il y a des moments de grâce dans cet album, comme dans la sonate BWV 1027, interprétée de façon presque romantique. Mais, dans l'ensemble, comment dire ? Tout cela manque singulièrement de nerf, de la langue nerveuse de Bach. (Marc Galand) This musical project was born in the very first meeting with Luca Guglielmi, the night before a concert in Geneva when, through the music of J. S. Bach, a sincere human and musical affinity was revealed that needed neither words nor looks. Now, at a distance of a time made fluid by the hours of listening to the tracks, I see that we had met in Bach’s profound italianness, in the singing of the melodies that danced in counterpoint, in the rhythmic undulation of his writing, but above all in the composer’s human and eternal spirituality. Although in the manuscripts the three Sonatas for Viola da Gamba are accompanied by the harpsichord, we imagined the Viola da Gamba conversing with different keyboard instruments that Bach had at his disposal: Matthias Griewisch copy of a Mietke harpsichord (kindly loaned by the Bach Museum in Leipzig), Kerstin Schwarz copy of a Silbermann piano and the organ in the Frankenstein Dorfkirche, built by Gottfried Silbermann in 1753, few years after Bach’s death.
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