 Somptueux ! C'est bien le qualificatif qui s'impose à l'écoute de la performance de l'ensemble Cappella Mariana, dirigé par Vojtech Semerad. Dans ces "madrigaux spirituels" (à thème religieux) ils dominent parfaitement les complexités de l'écriture sophistiquée, à 5, 6 ou 7 voix, de Philippus de Monte. C'est à Malines, dans les Flandres alors régentées par une Habsbourg, Marguerite d'Autriche, que naît et se forme ce dernier. A Naples puis à Rome, il poursuit sa formation et acquiert une renommée qui le fait appeler à Londres, à Vienne, à Prague, au service des empereurs Maximilien II puis Rodolphe II. Il fut un des plus prolifiques compositeurs de madrigaux profanes. Parmi les textes mis en musique par Philippus de Monte, outre ceux d'inspiration jésuite, figurent des poèmes de Vittoria Colonna, grande poétesse qui fut la muse de Michel-Ange, avec qui elle échangea des poèmes, et qu'elle influença dans ses idées religieuses. Dans ses madrigaux spirituels, De Monte utilise les mêmes procédés que dans ses madrigaux profanes : contrepoint fleuri, madrigalismes et figuralismes, nuances rythmiques, dans le but de traduire au plus près le contenu du texte. L'album nous offre en plus quelques superbes madrigaux spirituels des grands maîtres Cyprien de Rore, Luca Marenzio, et des moins connus Costanzo Porta et Pietro Vinci. Le tout dans un son grandiose. (Marc Galand)  Figure majeure de la musique pendant la Renaissance, le compositeur Philippe de Monte est né en Belgique en 1521 mais il s'établit rapidement en Italie où il fait une carrière de compositeur, de chanteur et d'enseignant, Naples puis Rome avant de gagner l'Angleterre pour enfin s'installer à Vienne en tant que Maître de Chapelle de la cour des Habsbourg. Il décède à Prague en 1603. Il a composé énormément : une quarantaine de messes, 250 motets et plus de 800 madrigaux. C'est aux madrigali spirituali du premier et second livre (1581-89) que s'est intéressé la Cappella Mariana, ensemble dirigé par Vojzech Semerad. Le madrigal spirituel pratiqué entre autres par Marenzio, Palestrina et De Lassus recourt aux mêmes techniques d'expression que son homologue profane : la musique au plus près du texte. De Monte use pour cela de nombreux figuralismes et nuances expressives et rythmiques dans son écriture tout en préservant l'aspect religieux, notamment dans les madrigaux tirés des sonnets sur la Vierge Marie signée de la poétesse Vittoria Colonna qui font référence à la poésie de Pétrarque ou le "Padre nostro a del ciel" qui décrit la crucifixion de Jésus. Quelques pages éparses du crémonais, Costanzo Porta, élève de Willaert, de Cipriano de Rore et de Pietro Vinci complètent judicieusement le programme. Les chanteurs tchèques de la Cappella Mariana montrent une grande maîtrise de l'italien, une souplesse vocale et un art de l'échange souverain. Sontuozo ! (Jérôme Angouillant)

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