Bach Les grands préludes et fugues Böhme - ROP6178 - Rondeau - Classique

Cette copieuse anthologie (1h20) regroupe huit célèbres témoins d’un genre particulièrement roboratif : une petite moitié des Préludes & Fugues que le catalogue BWV recense sous cette appellation -parmi les illustres, manqueraient les 533, 543, et le 552 flanquant la Clavier-Übung III. Déjà admiré dans des albums Bach chez Querstand (un Orgelbüchlein de référence) et Motette, le titulaire du Bach-Orgel de l’emblématique Thomaskirche de Leipzig (colosse de la facture contemporaine d’inspiration baroque) s’expose sur cette console et trois autres, historiques et prestigieuses, présentées dans le livret (en anglais et allemand) : l’Hildebrandt de la Wenzelskirche de Naumburg, le Wagner de la Marienkirche d’Angermünde, et le Silbermann de l’église Saint-Thomas de Strasbourg -notons que les BWV 541 & 546 qui y furent captés en 2012 proviennent d’une précédente édition chez le même label. Parmi les registrations remarquables : la Fugue BWV 546 dardée sur les anches, celle BWV 545 glorifiée par le vrombissant Posaune 32’ (on a rarement entendu ces pages ainsi magnifiées), le souriant Prélude BWV 547 accessoirisé par deux timbales miniatures percutées par les angelots juchés sur les plates-faces latérales. Dans les instants extravertis (l’effusif Prélude en sol majeur, les moulinets de la Fugue BWV 532) comme dans les volets grandioses (l’édifiante conclusion de la Fugue en mi mineur, la gravitas de celle en si mineur, le solennel pathos de celle en ut mineur, toutes trois magistralement conduites), Ullrich Böhme anime incessamment des partitions que sa virtuosité domine de haute main, reflétant la sûreté de conception. Sans aridité, une parfaite alliance de lisibilité et d’explicitation. Même si la discographie abonde, ce CD fait date et saura conquérir les mélomanes connaissant déjà bien les suprêmes diptyques, autant que ceux souhaitant en découvrir une compilation exemplairement interprétée, qui vaut leçon intensive de technique et de juste style. (Christophe Steyne)