Dans l’ensemble, les deux volumes de cette « intégrale » s’inscrivent toujours au meilleur de la discographie. Après les sessions captées en novembre 2001, le second revenait en juin 2004 dans la même église, abritant depuis 1960 un orgue construit en 1755 pour les appartements de la Princesse Amalia de Prusse. Le transfert s’accompagna d’une restauration et de l’ajout d’anches absentes de l’état original. Ce qui n’empêche pas que cette console soit souvent choisie pour ce répertoire, ainsi le florilège que Marie-Claire Alain consacra aux fils Bach en mai 1996 (Erato). La vingtaine de jeux restreint la marge de registrations ; celles de l’interprète sont ici voisines des choix de sa consœur : un peu plus fournies (Soubasse et Trompette en sus) dans le Präludium en ré majeur que Jörg-Hannes Hahn emporte néanmoins d’un geste plus vif ; renfort du Bourdon 16’ mais pas de jeu propre au pédalier dans la magistrale Fantaisie en ut mineur, ici jouée avec davantage de solennité. Rappelons que contrairement à son père, Carl Philipp Emanuel ne fut titulaire d’aucune tribune, et que certaines de ses pièces jouées à l’orgue ne sont pas intrinsèquement dédiées aux tuyaux, même si on leur associe ordinairement. Ainsi dans ce CD qui certes inclut les opus attendus. On n’y trouve toutefois aucun des Choralvorspiele du compositeur (dommage pour un tel projet), mais une galante sélection de pages écrites pour instrument mécanique (horloge à flûte). On regrette que la notice (anglais, allemand), similaire au volume 1, renseigne peu sur les œuvres, mais on apprécie une description très détaillée de ce fameux Migent/Marx et de son histoire. (Christophe Steyne)

Jörg-Hannes Hahn est directeur artistique de Bachchor et Bachorchester Stuttgart, du chœur de chambre Cantus Stuttgart et de la série de concerts Musik am 13. Il a étudié, parmi d’autres, avec Werner Jacob, Ludger Lohmann et Marie-Claire Alain. En 1992 il a gagné le grand prix de la Semaine Internationale d’Orgue de Nuremberg. En 1997 il a interprété une très récompensée série d’œuvres de Max Reger et en 2000 il a réalisé un vrai tour de force en interprétant l’intégrale de l’œuvre pour orgue de J.S. Bach en 14 semaines ! Ses nombreux engagements en tant que soliste, professeur invité, membre de jury et chef de chœur et d’orchestre l’ont amené en Israël, en Amérique du Sud, à Singapore, au Japon, en Coré, ainsi que dans plusieurs pays d’Europe.