Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Aria de concert en sol majeur
Aria de concert en ré majeur
Cantabile de l'Aria en sol majeur, BWV 120/4
Sinfonia en do mineur, BWV 21/1
Sinfonia en mi mineur, BWV 4/1
Adagio de la sinfonia en si mineur, BWV 249/2
Presto de la Sinfonia en ré majeur, BWV 29/1
Partita en do majeur d'après la suite française n° 5, BWV 816 (trans. T. Wind)
Concerto en la mineur, BWV 1041
Prélude chorale "O Mensch, bewein' dein' Sünde groß", BWV 622

Maris Kupcs, clavecin, orgue
Agnese Kannina, violon
Collegium Musicum Riga
Erik Bosgraaf, flûte à bec, direction

S’illustre ici à nouveau une tendance insistante chez certains interprètes de musique baroque à concevoir des œuvres «virtuelles » par greffage, rapetassage, transmutation de genre et de moyens instrumentaux, s’autorisant d’arguments constamment réitérés (cf. la notice! ) selon lesquels on ne ferait là que prolonger ce que faisait Bach en son temps. Aussi brillant, virtuose et accompli que soit E. Bosgraaf, disciple de Brüggen, ce genre de prestation ne nous apporte pas grand-chose et le titre de l’album —Concertos pour flûte à bec de Bach — paraît abusif. Il y a là construction d’objets musicaux dont on pourrait aussi bien dire qu’ils procèdent d’une sorte de mutation génétique. Le recyclage d’un matériau n’est, après tout qu’un phénomène assez banal. Pourquoi nourrit- il aujourd’hui le désir fantasmatique d’élaborer un corpus inépuisable par les combinaisons infinies qu’il permettrait? Bach a-t-il besoin de telles « prothèses » ? Ce catalogue de procédés de réécriture, cette pléthore d’exercices de style se prend un peu trop au sérieux : guère d’humour dans cette mise en avant parfois immodeste voire criarde d’un instrument volontiers prétentieux —y compris de façon paradoxale : pièces polyphoniques réduites à des Monodies pour flûte à bec par emprunt de leur voix supérieure érigée en morceau sublime, promotion d’un nouveau genre dénommé pompeusement aria-concerto ! : parties vocales empruntées à diverses cantates devenant les mouvements de concertos qu’ils auraient en fait toujours-déjà été. Ailleurs c’est la ligne supérieure d’un choral orné de l’Orgelbüchlein (le BWV 622) qui est promue solo de flûte, sur fond d’orchestre de chambre, etc.… Que la flûte à bec soit utilisée de façon parcimonieuse dans l’œuvre de Bach (elle n’intervient par exemple que dans 22 cantates sacrées) tient à de multiples facteurs (entre autres à l’essor du traverso) qu’il faudrait au moins prendre en compte. Pourquoi vouloir étendre à tout prix le répertoire de cet instrument ? S’est-on posé seulement la question bien plus importante des affects, et de ce qu’il en advient, de la portée symbolique du discours musical dans ces artefacts d’une brillance parfois aussi volubile que glacée, où transparaît ça et là la vanité du ramage d’un paon ? (Bertrand Abraham)

With a catalogue of acclaimed albums for Brilliant Classics stretching well into double figures, the Dutch recorder virtuoso Erik Bosgraaf goes back to Bach for his latest release, with an album of arrangements as imaginatively conceived and as stylishly executed as Volume 1 (94296), released in 2011, which won glowing reviews from the international music press. Bach wrote as inventively and idiomatically for the recorder throughout his career as he did for every other instrument at his disposal, but he left no concertos in which the instrument takes the spotlight. Thus Bosgraaf and his colleagues have attempted to answer the question, what might Bach have done, or could he have done, if he had written concertos for the recorder? They have looked for inspiration to the cantatas, and not only those where Bach composed memorable recorder parts such as the Actus Tragicus. For example, the album’s opening G major concerto is compiled from a tenor aria of dazzling runs in BWV74, followed by the sorrowful opening Sinfonia of BWV12 (in which the oboe originally takes the starring role), and then another tenor aria from BWV81 which graphically illustrates the foaming waves of a stormy sea. In both aria transcriptions, Bosgraaf’s recorder takes over the vocal line, and paints vivid sound pictures with his remarkable palette of tone colours. A second concerto in D major draws its music from similar sources, followed by a Partita which the Dutch musicologist has arranged from movements of the Fifth French Suite. A further concerto is supplied by a relatively ‘straight’ transcription of the familiar (but sublime) A minor Concerto for violin, BWV1041. In between and around these inventive ‘new’ concertos, Erik Bosgraaf and his colleagues offer contrasting standalone points of reflection with chorale and sinfonia transcriptions such as the spellbinding opening movement of Wir danken dir BWV29, which Bach himself arranged from the opening Preludio of the E minor Partita for solo violin. There is every good reason to follow Bach’s example and arrange freely in celebration both of his unique powers of invention and expression, and of performers in full command of their recreative gifts.