Igor Stravinski (1882-1971)
Concerto pour violon en ré majeur
Suite italienne pour violon et piano
Danse russe, extrait de "Petrouchka"
Chanson russe, extrait de "Mavra"
Duo concertant pour violon et piano

Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908)
Fantaisie de concert sur des thèmes russes, op. 33

Thomas Albertus Irnberger, violon
Pavel Kaspar, piano
ORF Radio-Symphonieorchester Wien
Doron Salomon, direction

Stravinski et Ramuz en firent l’objet d’échange entre le Diable et le Soldat dans leur histoire vaudoise, métaphore de l’âme. Mais le compositeur lui fera parfois jouer le rôle de l’ange, l’épurant tout au long d’Apollon musagète. Cette ambigüité se retrouve dans la façon dont Thomas Albertus irnberger met une touche sardonique à la Toccata finale, qu’il joue en appuyant l’archer dans les rythmes que lui aiguise la direction abrasive de Doron Solomon, alors qu’il met une grâce singulière, presque une tendresse aux deux Arias. Le mordant et le coulé, la fantaisie machiavélique, et l’épure minimaliste des lignes claires, quel diable ce violoniste, qui semble constituer peu à peu, après avoir parcouru le répertoire classique, visiter l’œuvre du XXe Siècle. La virtuosité déboutonnée, l’humour très fin que son archet rieur met à la Suite italienne fait paraitre dans les accents, les envols, le modèle de Pergolèse – la suite est tirée pour Samuel Dushkin, déjà commanditaire du Concerto, du ballet Pulcinella – et trouve dans le piano disert de Pavel Kaspar un allié impeccable qui l’emportera dans les deux pièces brèves jouées en grand caractère, placées comme deux respirations avant les roideur néo-classiques du Duo Concertant, une toute autre musique, pastorale stylisée inspirée par Virgile, où Stravinsky pare le violon de sonorités étranges. Coda ailleurs avec la subtile poésie emplie de musiques populaires de la Fantaisie de concert sur des thèmes russes de Rimski-Korsakov où soudain le violon du jeune-homme semble s’être échappé de Shéhérazade, musardant dans les thèmes d’un folklore imaginaire. Pourquoi cette œuvre raffinée n’est-elle pas plus présente au répertoire de charme et de virtuosité des violonistes ? Espérons demain que Thomas Albertus Irnbeger poursuive dans l’œuvre du XXe Siècle. Bartók, Prokoviev, Vladiguerov et Berg espèrent son violon inspiré. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

The established Salzburg violinist Thomas Albertus Irnberger has already played with the greatest musical personalities and leading ensembles of our time such as the Royal Philhamonic Orchestra (violin concertos by Beethoven and Elgar). For his most recent recording featuring the Violin Concerto in D by Igor Stravinsky, the versatile virtuoso Irnberger can refer to the collaboration with another world-class orchestra: the ORF Vienna Radio Symphony Orchestra under the direction of Doron Salomon. In addition to this work from 1931, the Concert Fantasy on Russian themes in B minor Op. 33 by Stravinsky’s teacher Nikolai Rimsky-Korsakov is included on this album. Together with Paul Kašpar, piano, with whom he shares a long artistic collaboration, Irnberger also interprets Stravinsky's Suite Italienne, the Duo concertant for violin and piano as well as the Danse russe (Petrushka) and Chanson russe (Mavra), borrowed from stage works.