 Le risque pour une œuvre comme le "Voyage d’Hiver", dont la profondeur offre de multiples niveaux de lecture, est la surinterprétation, génératrice de contresens. Or le "Voyage d’Hiver" comme son nom l’indique est d’abord celui d’un personnage solitaire, avec ses souvenirs et ses états d’âmes, errant dans des paysages glacés jusqu’à la rencontre finale, non pas avec la mort, qui se refuse à lui ("Das Wirsthaus") mais avec son double ("Der Leiermann"). Dès lors, que vient faire ce chœur – excellent au demeurant – en écho et parfois à la place du soliste : le voyageur est-il schizophrène, sujet à des hallucinations, ou pourchassé par la société ? Quant aux deux accordéons qui assurent l’accompagnement, même bienvenus dans les mélodies qui sont par nature "Des Ländler" ("Die Post", "Täuschung" par exemple), ils évoquent plutôt la chaude ambiance d’un Heurigen de Grinzing que la froidure hivernale. Coincé entre un chœur envahissant et deux accordéons hors de propos la plupart du temps, le baryton Tobias Berndt, timbre beurre et miel, legato de velours, ne peut jouer sur les contrastes dynamiques indispensables à l’expressivité du cycle. Des moyens musicaux considérables au service d’un contresens absolu. Déroutant. (Olivier Gutierrez)  From the first notes, the snowy steps of "Fremd bin ich eingezogen" (As a stranger I arrived), the new recording of Schubert's "Winterreise" by the GewandhausChor makes one sit up and take notice: Choirmaster Gregor Meyer has arranged one of the most paramount lieder cycles for his "instrument", the choir, and makes virtuosic use of the possibilities offered by the ensemble's polyphony and sonority. Meyer has split the original piano part between two accordions, played here by Heidi and Uwe Steger. Their instruments are astonishingly close to the human voice, breathing, shouting, whispering, and singing. Tobias Berndt, an accomplished lied singer, takes on the baritone solo part in this recording with the choir of one of the most renowned concert halls.
|