 Je retrouve toujours avec bonheur certains couplages qui faisaient ma joie de jeune discophile. Celui-ci, faisant invariablement voisiner le brio plein de fantaisie de la plume de Saint-Saëns avec le grand récit dramatique de Lalo je l’aurai appris dans les gestes si opposés de Pierre Fournier, d’André Navarra, de Maurice Gendron avant de me laisser surprendre par l’achet appassionato de Jacqueline Dupré, que me rappelle tant le geste enfiévré de Maja Bogdanovic. La jeune violoncelliste française, formée enfant dans sa Bulgarie natale, mais dont l’art s’est affirmé à Paris, fait sonner avec ardeur le sombre opus de Lalo. Quelle puissance à la Navarra dans le son opulent de la grande caisse que lui a ouvragé Frank Ravatin, quel art de varier les registres au long du chant continu de l’immense premier mouvement dans l’accompagnement de tempête que lui dresse la direction mordante de Bojan Sudjic à la tête de l’orchestre dont il est le patron depuis dix ans. Ce chef serbe est vraiment à découvrir, le grand caractère qu’il donne à l’opus de Saint-Saëns emporte l’archet à la fois fantasque et élégant de sa soliste, merveille qui se prolonge dans le rare Allegro appassionato, et dans un Cygne ourlé de nostalgie, la fantaisie qu’il met à l’Allegro presto de l’Intermezzo du Concerto de Lalo, plaident pour cela , mais il ne peut voler la vedette à cette formidable violoncelliste que j’aimerai entendre dans le Dvorak, le Schumann, l’Elgar, ou le Deuxième Concerto de Martinu. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Longtemps chambriste, après un brillant parcours qui la mena de Belgrade au CNSM de Paris (Michel Strauss, Itamar Golan, Pierre-Laurent Aymard), et lauréate de multiples grands prix internationaux, la violoncelliste française, d'origine serbe, Maja Bogdanovic présente ici un album mettant en valeur deux compositions concertantes phares du répertoire violoncellistique, agrémentées de deux charmantes œuvres complémentaires. Le premier Concerto de Saint-Saëns se signale par sa concision, trois mouvements enchaînés dans une orchestration légère, dont un Menuet central, ne dépassant pas les dix-neuf minutes. Il fut créé le 19 janvier 1873 par Auguste Tolbecque, ami de Saint-Saëns, luthier d’exception, compositeur, violoncelliste, et professeur de musique, peu avant que ce dernier ne s’installe à Niort au Fort-Foucault. À l’instar de son interprétation du célèbre Cygne, extrait du Carnaval des Animaux (1886) et de l’Allegro appassionato (1873, dédié à Jules Lasserre), dont Pablo Casals se fit ultérieurement l’ardent promoteur, Maja Bogdanovic en donne ici une interprétation brillante et chaleureuse. Qualités qui se remarquent, avec encore plus de convaincante fougue, dans le Concerto de Lalo (1876-77), créé par Adolphe Fischer sous la direction de Jules Pasdeloup. Cette partition sombre, tendue, véhémente même parfois, trouve à s’éclairer de couleurs hispanisantes dans l’Allegro presto du mouvement central, tandis que le finale — Introduction, Andante, Allegro vivace — confère un rythme oppressant à la Sicilienne qui en constitue le motif central. La violoncelliste serbe, qui, depuis ses années d’apprentissage, a fait de cette œuvre son « cheval de bataille » en livre ici une interprétation de haut vol, tant de perfection technique que d’accomplissement musical. Elle est brillamment accompagnée par l’Orchestre de la Radio-Télévision serbe sous la direction de Bojan Sudjic. L’ensemble fait de cet enregistrement un très remarquable disque, parfaitement digne de se comparer aux interprétations de Paul Tortelier, Pierre Fournier, Maurice Gendron ou János Starker, et plus près de nous de Sol Gabetta ou Johannes Moser, Daniel Müller-Schott, Jan Vogler, par la parfaite maîtrise du fini technique et du contenu émotionnel de ces œuvres. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Charles-Camille Saint-Saëns marked his time in a special way as one of the greats of the Romantic era in France. In 1872, Saint-Saëns composed his first concerto for cello and orchestra, which belongs to the creative period in which the composer devoted himself to researching the limits of expression of the instrument.Known for the traditional form of his compositions, Saint-Saëns composed the concerto in three movements; however, he made it possible for the conductor to plan the performance so that they progress seamlessly as a unique whole, conceived through three separate sections.He achieved this by interweaving similar thematic materials within the sections, mostly at the level of orchestral transformation. Saint-Saëns’ Allegro appassionato, composed for the cello and orchestra, is certainly one of the most beautiful compositions in the Romantic literature for the cello. This piece was written in 1876. It is assumed that it was composed with the idea of being performed as an “encore”. The composer Edouard Lalo (1823-1892), a contemporary of Saint-Saëns, is another interesting figure of the French Romantic period. The Cello Concerto in D minor is today much loved by cellists around the world. Lalo composed it in 1877, in collaboration with the Belgian cellist Adolf Fischer, to whom he dedicated the work and who premiered it in the same year with great success. Although there is no explicit use of Spanish folk melody in it, the rhythmic and melodic characteristics of the musical material suggest the temperamental spirit of that country.
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