Terry Riley (1935-)
Uncle Jard
Assassin Reverie
Tread on the Trail

Terry Riley, vocals, piano and harpesichord
ARTE Quartett

L'accroche de la notice annonce la couleur et le contenu de ce disque : from Raga to Rag. Terry Riley vétéran de la musique répétitive est ici représenté à travers trois périodes de son œuvre : « Tread on the trail » pour 12 saxophones date de 1965 et illustre le courant répétitif de l'époque (In C (1964), Phil Glass et La Monte Young) mais Riley en hommage à Sonny Rollins (qu'il a vu en concert à New York) remodèle sa pièce en lui donnant une touche plus jazzy. « Assassin Rêverie » de 2005 utilise non seulement le quatuor de saxophone mais l'électro acoustique et requiert une mise en scène originale (musiciens costumés, lumières stroboscopiques). Tandis que les saxophones dialoguent entre eux adoptant un style free assez poussé Colemanien (Ornette), des sons d'hélicoptères et de coups de feu (allusions au quatuor de Stockhausen et au City Life de Steve Reich) interviennent jusqu'à un climax sonore infernal digne du film « Apocalypse Now ». « Uncle Jard » de 1998 fait cœxister la musique classique indienne (très présente dans les années 60 aux Etats-Unis et familière à Reich qui a vécu en Inde) le blues et le ragtime de Scott Joplin. Riley chante (bien) et passe allègrement du clavecin au piano pour nous concocter un medley à la Errol Garner. C'est tout un pan de la culture américaine qui se dévoile à travers ces œuvres (qui aurait méritées une version DVD) comme si Riley, croisement entre Tom Waits et Pierre Henri, concentrait à lui-seul les problématiques du langage musical américain. (Jérôme Angouillant)

Assassin Reverie (2001) (quatuor de saxophones et bande) est une œuvre en un seul long mouvement, structuré en 3 sections différentes à travers le matériel sonneur et la direction scénique. Il s’agit de l’une des œuvres de Riley les plus perturbantes ; la deuxième partie présente une plage audio extrêmement agressive, des coups de feu et des bruits d’hélicoptère sont entendus tout au long. / Ecrite juste après In C, Tread on the Trail (1965) (la version pour 12 saxophones appartient à ARTE Quartett) est en effet basée sur des principes de construction similaires. La musique de ces deux œuvres est un « ludus », un jeu à travers lequel Riley réinjecte dans la musique occidentale une vitalité nouvelle. Via une exploration libre de la partition, l’interprétation musicale retrouve ici sa vraie essence, tel un rituel collectif divertissant.