Le programme de ce disque présente l’intégralité des œuvres pour violoncelle et piano du compositeur américain né en Russie, Leo Ornstein. D’une longévité incroyable, décédé en 2001, à l’âge de 108 ans, Ornstein a connu tous les courants artistiques du XXème siècle, de l’impressionnisme français (Debussy, Ravel, etc.) à la musique sérielle, en passant par l’électroacoustique. Leo Ornstein débuta sa carrière en 1915 dans le cadre d’une série de concerts au Bandbox Theatre de New York, où il fut honoré avec certaines de ses dernières œuvres, aux côtés de celles de Ravel, Schœnberg ou Cyril Scott. Le public américain, plus accoutumé au romantisme flamboyant d’un Richard Strauss qu’au modernisme déconcertant d’un Debussy ou Schœnberg, fut stupéfait par la maîtrise des créations du jeune Américain et Ornstein devint alors l’un des musiciens les plus admirés des Etats-Unis, faisant dès 1916 l’objet d’essais critiques dans différentes revues : l’une d’elles alla même jusqu’à affirmer que « de Stravinsky, Schœnberg et Ornstein, l’Américain deviendrait sans doute le plus grand ». Les œuvres pour violoncelle d’Ornstein datent des années 1910-1920. La Première Sonate pour violoncelle et piano (1915) est d’un lyrisme passionné, où percent quelquefois des souvenirs de Johannes Brahms. Les Six Préludes de 1929-30, le chef-d’œuvre du compositeur pour cette formation, marque un véritable tournant : Leo Ornstein, plus sombre, plus nostalgique et contemplatif, traite le duo violoncelle-piano dans la lignée d’un Debussy : mêmes successions d’épisodes apparemment disparates, couleurs blanches, crépusculaires, lunaires, etc...Un œuvre magnifique, d’une intensité poétique indéniable, que les héros du violoncelle tels Joshua Gordon devraient inscrire plus souvent à leur répertoire. (Pierre-Yves Lascar)
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