William Byrd (1543-1623)
Callino Casturame, BK 35
Praeludium to the Fancie, BK 12
Fantaisie, BK 13
Pavana Lachrymae, BK 54
Will you walke the woods so wylde, BK 85
The bells, BK 38
La Volta, BK 91

Orlando Gibbons (1583-1625)
Mask "Welcome Home"
Allemande en sol majeur "The King's Jewel"
Whoop, do me no harm, good man
Fantaisie en 4 parties
Pavane et Galliarde "Lord Salisbury"

John Bull (1562-1628)
My self
My grief
Walsingham
Bull's goodnight

Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621)
Ut, re, mi, fa, sol, la a 4 voix

Mishka Rushdie Momen, piano

Glenn Gould (CBS), Grigory Sokolov (DG), Daniel-Ben Pienaar (AVIE), Kit Armstrong (DG), pianistes célébrés, chacun avec ses mérites, ont déjà redonné vie aux compositeurs pour claviers de la Renaissance élisabéthaine et attiré à eux l’intérêt des mélomanes curieux de découvrir un répertoire qui semblait réservé aux amateurs d’instruments anciens et de reconstitutions historiques. Aujourd’hui, se joint à eux Mishka Rushdie Momen, jeune pianiste britannique d’ascendance bermudienne et néo-écossaise, ayant étudié avec Joan Havill et Imogen Cooper à la Guildhall School of Music and Drama, ainsi que ponctuellement avec Richard Goode, et András Schiff, à la Kronberg Academy. Les dix-huit pièces que comporte son enregistrement confrontent majoritairement l’Oiseau — Byrd (1539-1623) — et le Taureau — Bull (1562-1628), en y ajoutant six pièces d’Orlando Gibbons (1583-1625), et le célèbre hexacorde à quatre voix du néerlandais Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) : Ut, Re, Mi, Fa, Sol, La. Mishka Rushdie Momen eut l’idée de ce programme à l’époque du confinement et confie : « Me sentant étrangement éloignée du répertoire classique et romantique que j'aime habituellement, je suis un jour tombé sur la merveilleuse Fantasia en la mineur de Byrd. J'en ai été bouleversée. J'ai immédiatement entrepris d'étudier toutes les pièces du Parthenia, premier recueil de musique pour clavier à avoir été imprimé en Angleterre en 1612-13 : une entreprise conjointe de Byrd, John Bull et Orlando Gibbons. Il était étonnamment émouvant de découvrir des chefs-d'œuvre écrits à une époque marquée par des fléaux encore plus meurtriers que le Covid, et à une époque où, comme aujourd'hui, les gens affrontaient un avenir profondément incertain et imprévisible » (The Guardian 24-06-2024). Son interprétation de ces pièces mystérieuses, avec leurs tonalités fantasques, magnifiées ici par d’infinies subtilités dynamiques, un toucher léger et virtuose, reflets aujourd’hui d’une lointaine époque troublée, ne peut laisser l’auditeur insensible. Un enregistrement vivement recommandé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

Peut-on jouer sur un moderne piano Steinway des pièces écrites il y a plus de quatre siècles pour virginal ? Oui, répond la grande pianiste britannique Mishka Rushdie Momen, célébrée pour ses interprétations profondes et sensibles du grand répertoire classique et romantique. Il n’y a pour elle aucun anachronisme. Ces pièces écrites pour un instrument cordophone à clavier proche de l’épinette et typique de la Renaissance anglaise pouvaient également être jouées à l’orgue, argue-t-elle. La richesse et les ténèbres des registres inférieurs du piano donnent leur solennité à la pavane de Gibbons en mémoire de Lord Salisbury. Plutôt que d’essayer de recréer le son de l’instrument ancien, elle cherche à transmettre l’esprit de la composition, les couleurs de l’intimité du « My Grief » de John Bull. L’écriture de tels morceaux est suffisamment lâche et libre pour permettre de telles adaptations, à condition de modifier certains ornements pour tenir compte de la plus grande résonance du piano. Et sa démonstration est convaincante : ces pièces anciennes sont parfaitement identifiables, mais sous un charme nouveau. Rushdie Momen a choisi, en symbole des souffrances provoquées par les dissensions religieuses, des compositeurs dont la vie et la carrière ont été bouleversées par les soubresauts de la Réforme britannique : William Byrd, Orlando Gibbons, John Bull, auxquels elle a adjoint le flamand Jan Pieterszoon Sweelinck, qui était en contact étroit avec eux et voisine avec eux dans le Fitzwilliam Virginal Book. Plus qu’une démonstration, une recréation peine de charme. (Marc Galand)