Dans le cadre de la monumentale entreprise discographique consacrée depuis plusieurs années par l'organiste F. Flamme à la musique d'orgue baroque d'Allemagne du Nord — ce volume XI nous propose, d'une part les œuvres de Michael Praetorius (cd1), d'autre part (cd 2) des pièces de compositeurs beaucoup moins connus — pour certains d’entre eux nés au XVIe siècle —, très peu enregistrées jusqu'ici ou même inédites. Ce second disque est une petite merveille tant par le choix des pièces que par leur interprétation : pas de chefs-d’œuvre inoubliables, mais des morceaux courts qui, à eux seuls, forment une anthologie des formes et des ressources rhétoriques d’une musique représentant un état encore précoce de ce qu’on a, beaucoup plus tard, appelé “musique baroque” : œuvres déjà solidement charpentées et qui en même temps foisonnent d’idées. On appréciera particulièrement les variations de choral enregistrées ici, qui constituent parfois des balises surprenantes sur le chemin qui mène à l’Orgelbüchlein de Bach. Un magnificat de Johann Bahr étonnant de délicatesse, petit joyau très ciselé, avec de beaux effets d’échos, servi par une registration inventive et un jeu clair et précis. Les compositions d’Andreas Werckmeister dans lesquelles le profane et le sacré se mêlent ont vraiment quelque chose de singulier. En revanche, — et c’ est bien dommage — si F. Flamme nous donne, dans le cd 1, des “chorals fantaisies”, des variations sur le “Wir glauben all an einen Gott”, et des hymnes latins qui forment l'œuvre de Michael Praetorius une lecture fluide et allante, son interprétation reste trop sage, trop horizontale. C'est propre, correct, mais cela manque de relief, de respiration. Faute d'une articulation suffisamment affirmée, l'architecture des chorals est quelque peu aplatie. L'ensemble n'est pas assez ciselé, tranchant, projeté. Et, surtout, la registration reste trop uniforme. Dans le même répertoire, le disque de Jean-Charles Ablitzer est autrement plus convaincant : un ton qui s’impose d’emblée, davantage de hauteur, de saveur, une mise en forme et en volume vraiment magistrale et variée. Une science de l'attaque et de la couleur (registrations extrêmement bien pensées) qu'on n'a malheureusement pas ici. (Bertrand Abraham) Along with the smaller complete organ oeuvres of David Abel, Johann Bahr, Jakob Bölsche, Petrus Hasse I and II, Wilhelm Karges, Hieronymus Praetorius III, Andreas Werckmeister, and Melchior Woltmann, Vol. 13 of our complete organ works of the Northern German Baroque concentrates above all on the complete organ oeuvre of Michael Praetorius (MPC), who was an exceptional figure among German musicians during the transition from the late Renaissance to the early Baroque. He not only was an organ composer of outstanding stature but also distinguished himself as a musical consultant and organizer and as a composer of liturgical music with a large expressive breadth in form and content. Moreover, he was known far and wide as a music writer, with his significant contributions to this field continuing to be felt today, and is to be regarded as the first truly professional German musicologist. MPC’s few extant organ works confirm his status as one of the great masters of German organ artistry, even before the era of the influence of the Dutch keyboard music, say, of Jan Pieterszoon Sweelinck and the new musical forms of the so-called seconda pratica of Monteverdi and many other Italian composers. Later these composers would clearly influence MPC’s musical oeuvre. Friedhelm Flamme uses this interesting program to present a portrait of the Christoph Treutmann organ (1734-37) at St. George’s Monastery Church in Grauhof, near Goslar.
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