 Servi par d’admirables interprètes, ce programme de musique de chambre composé de douze opus rappelle à dessein la beauté et le caractère rêveur de partitions délicates composées par Philippe Gaubert entre 1903 et 1926. Exigeante, la critique musicale de l’époque avait d’ailleurs su se montrer visionnaire en célébrant « la grâce et la fluidité » ainsi que « l’ardeur poétique et passionnée » d’un compositeur aux talents multiples, qui, flûtiste de formation, est devenu par la suite un chef d’orchestre et pédagogue reconnus. L’une des forces de Gaubert est d’avoir su trouver sa propre voie, en offrant aux mélomanes des œuvres habitées de poésie dans un paysage musical marqué par les figures tutélaires de Debussy, Ravel ou Fauré. Extraits de son riche catalogue, les opus proposés ici s’en distinguent néanmoins par leur caractère songeur et intimiste. Il y a dans cette promesse de voyage musical un charme et un raffinement qui irradie le cœur et l’esprit au fil de l’écoute. Ces qualités infusent notamment dans la Sicilienne, le Soir de la Plaine, la Berceuse et la Balade pour flûte et piano, sans oublier les Médailles antiques pour flûte, violon et piano. Dans cette salutaire entreprise de réhabilitation, tous les musiciens de l’ensemble Chant du vent sont à féliciter. Ils donnent à ces magnifiques miniatures ce supplément d’âme qui transforme le souffle du vent en zéphir. (Jacques Potard)  La disparition soudaine de Philippe Gaubert, le 8 juillet 1941, laissa les mélomanes parisiens interdits. Roussel, Fauré, Enescu, Pierné, perdaient un ami et un défenseur indéfectible de leurs œuvres, et la Société des Concerts une bonne part de son âme. Tant de dévouement aux œuvres d’autrui avait fini par faire oublier que Gaubert était un admirable compositeur, dans la plus pure veine française, et pas seulement pour son instrument : la Symphonie, le Concert en fa, Le Chevalier et la Damoiselle, Le Cortège d’Amphitrite restent encore trop ignorés des chefs d’orchestre, mais Gaubert fut d’abord flutiste et composa de merveilleuses œuvres pour son instrument, d’une invention délicieuse, d’un raffinement d’écriture capiteux. C’est dans ce corpus parfois visité au disque ces dernières années avec des bonheurs divers, que Nolwen Bargin opère une sélection idéale, s’entourant de solistes qui lui permettent de graver aussi des cahiers autres que ceux mariant uniquement flute et piano. Sublimes les Médailles antiques, belles comme des poèmes de Samain, avec ce violon qui contrechante la flûte, d’une poésie irréelle les Trois Aquarelles où le rejoint le violoncelle de Flurin Clionz, et quelle merveille l’atticisme du Divertissement Grec où Gaubert évoque l’aulos double. Introduction parfaite à un univers qui reste à découvrir. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Those playing the flute may know Philippe Gaubert as co-author of the great Méthode complète de flûte, a standard work even a hundred years after its publication. Those who do not play the flute have in all likelihood never heard of him - yet Gaubert was an outstanding figure in French musi¬cal life in his day and is still highly interesting as a composer today. Born in 1879 in the Occitan town of Cahors, Philippe Gaubert moved with his family to Paris as a child, where he received private flute lessons at an early age from the great Paul Taffanel. At the age of fourteen he was officially admitted to the Conser¬vatoire, and at eighteen he became principal flute at the Paris Opéra and an orchestral member of the venerable Société des Concerts du Conservatoire, where he was elected assistant conductor in 1904. In 1905 he ranked second in the Prix de Rome, the composition competition par excellence. During World War I, Gaubert served as an infantry¬man, forcing him to put his musical activities aside. Then, in 1919/20, he was offered three positions almost simultaneously, any one of which would have been enough to secure him a place in musical Parnassus: chief conductor at the Opéra, chief conductor at the Société des Concerts du Conserva¬toire, and professor for flute at the Conservatoire. Gaubert accepted them all, ending his soloist career at its peak and henceforth acting as one of the most influential figures in the musical life of Paris.

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