 Geoffrey Douglas Madge s’était aventuré à enregistrer les trois Concertos pour piano où Nikos Skalkottas, lui-même brillant pianiste, avait tordu une bonne fois pour toute, le cou à une certaine tradition qui perdurait encore. Adieux Rachmaninov, Bartók, Prokofiev, ses concertos seront sériels jusqu’au bout de chaque touche, et le Troisième qu’abordent aujourd’hui Daan Vandewalle et Blattwerk (l’enregistrement est réalisé en concert), le plus radical de tous, du Schoenberg au carré. Pourtant dans cet assèchement cubiste, dans ses teintes crues et plates, Madge parvenait à invoquer un certain lyrisme, s’y souvenant du Concerto de chambre d’Alban Berg. Pas Daan Vanderwalle qui le joue droit, carré, hérissé de sons durs que l’orchestre en plexiglas réglé comme une machine à découper les barres de mesure par Johannes Kalitzke réfracte plutôt qu’il l’accompagne. L’enregistrement est épuisant, à l’exacte mesure de l’œuvre elle-même, l’effet de broyage terrifiant, mais cette modernité radicale a vieilli, systématique, pesante, froide, du moins les interprètes de ce concert déshumanisé n’essayent pas de masquer la vacuité de cette grande machine industrielle auprès de laquelle les Fonderies d’acier de Mossolov sembleraient un feu d’artifice. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Le compositeur grec fut formé à Berlin dans les années 20/30 avant de revenir à Athènes en 1933. À l’instar de Zoltan Kodaly et de Béla Bartok quelques décennies plus tôt, il s’intéressa à l’étude des folklores et se passionna pour la mémoire populaire des musiques grecques. Ses propres "Danses grecques" lui assurèrent une reconnaissance internationale. Il reçut le soutien de ses compatriotes comme le chef d’orchestre Dimitri Mitropoulos. L’écriture de Skalkottas évolua rapidement vers le sérialisme et une libre atonalité qui se déconnecta de tous les travaux antérieurs. Le Troisième Concerto pour piano date de 1939. Il fut créé en 1969, soit vingt ans après la disparition du compositeur. Dix instruments à vent et la percussion accompagnent le soliste dans cette partition de près d’une heure et à l’écriture dodécaphonique. Le caractère cyclique de l’œuvre à la tension “pointilliste” la rend très attractive. D’une veine dansante, elle fait songer à certaines partitions néoclassiques de Stravinski. La sensibilité extrême du premier mouvement, Moderato joue de la diversité des timbres, d’une sorte de mosaïque de phrases portées par de petits ensembles à la manière d’un concerto grosso. Le mouvement lent central – Andante sostenuto - est une grande déploration, avec des effets de timbres originaux. Le finale – Allegro giocoso - manie l’ironie et le tragique en alternance, dans une atmosphère de ballade. Les interprètes restituent la finesse de la partition, lui insufflant une sorte de mélancolie joyeuse et profondément touchante. (Jean Dandrésy)  The Greek Nikos Skalkottas has remained a “composer for musicians” to this day. In other words, most musicians know his name, but hardly anyone has heard, let alone played his music. The monumental concerto No. 3 for piano, ten winds and percussion, probably written in1939, was only premiered in 1969, but because of its enormous demands on the soloists was shared between three pianists. Daan Vandewalle presents his reading of this masterpiece, accompanied by Ensemble Blattwerk under Johannes Kalitzke.
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